COMMUNIQUE DE PRESSE : Affaire du collège de Montmoreau C’est d’abord l’affaire d’un cours de français qui devait amener les élèves de troisième, dans le cadre du programme, à faire une rédaction « imaginez un autoportrait fictif… ». Il appartient à notre jeune collègue d’expliquer comment le cheminement de son cours et les illustrations développées ont abouti à la rédaction par un groupe d’élèves d’un sujet sur le suicide. Les récents suicides de deux élèves du lycée de rattachement ont légitimement renforcé les angoisses des parents et des personnels dans les communautés scolaires, mais cela n’explique pas tout. La lettre anonyme et la déferlante médiatique sont révélateurs de bien plus que le contenu du cours. L’envoi de ce courrier suppose une absence de dialogue entre la famille et l’établissement. Le chef d’établissement, absent pour raison médicale pendant deux mois, n’a pu jouer ce rôle. L’établissement n’a reçu aucun moyen supplémentaire en personnel. Dans ce collège, un jeune contractuel de formation philosophique s’exerce, seul, au métier d’enseignant de lettres classiques. Dès sa prise de fonction, il y a trois ans, l’inspectrice de lettres a pourtant validé sa candidature lors d’une visite en classe. Son rayonnement dans la communauté scolaire et les bons résultats de ses élèves au brevet, l’an passé, ont conduit le chef d’établissement à demander son renouvellement, allant même jusqu’à formuler la demande en conseil d’administration de la création d’un poste spécifique pour espérer son maintien dans l’établissement. A cette rentrée, il lui a été confié l’enseignement du français dans les deux classes de troisième du collège ainsi qu’une quatrième dont il est professeur principal. Il assure également l’enseignement du latin au collège. Alors c’est la question de la carence en formation des nouveaux enseignants, en particulier contractuels, qui se pose. Au Snes-Fsu, nous dénonçons la situation des lauréats du concours lors de leur année de stage, mais celle des contractuels trop peu médiatisée est encore pire : ni formation initiale, ni tuteur, pratiquement aucun accès à la formation continue. Or l’Education Nationale ne peut pas fonctionner sans eux aujourd’hui. Alors il y a urgence à regarder la vérité en face, plutôt que de crier haro sur le baudet ! La décision de suspendre notre collègue, à titre conservatoire et par mesure de protection, a été prise. Il eut été préférable que l’intéressé en soit informé avant les médias. Mais ce retrait pour calmer la horde ne doit pas évincer la problématique qu’elle soit de la formation de tous les personnels ou celle de la prévention du suicide chez les adolescents.