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Le dernier CAEN de Poitou-Charentes se tient ce jour, 3 novembre 2016, dans les locaux de l’ex Région Poitou-Charentes.

A l’ordre du jour :

  • Bilan de rentrée 2016 académie de Poitiers
  • Bilan de rentrée 2016 DRAAF (enseignement agricole)
  • Carte des formations rentrée 2017

 

Les élus FSU-CGT ont prononcé la déclaration liminaire suivante :

Madame la Rectrice, Monsieur le vice- Président du Conseil Régional

Mesdames et messieurs les membres du CAEN

Ce CAEN nous propose de dresser un bilan de la rentrée 2016 dans notre académie.

Nous ne pouvons nous contenter d’un bilan chiffré tel qu’il est présenté dans les documents fournis, En effet la rentrée 2016 est aussi le fruit de choix politiques. L’école doit répondre aux exigences de formation du XXI siècle et prépare les générations à vivre ensemble. Dans un contexte de chômage élevé et de précarité, l’inquiétude est forte sur l’avenir de la jeunesse. Le gouvernement doit non seulement créer les postes mais assurer le recrutement nécessaire pour que le service public d’éducation soit à la hauteur des enjeux. Hélas, la promesse des 60 000 postes à la fin du quinquennat ne sera pas tenu faute d’avoir créer les conditions nécessaires pour rendre nos métiers attractifs. La rentrée 2016 n’est pas encore celle de l’amélioration des conditions d’étude des élèves ni de travail des personnels d’enseignement, d’éducation et d’orientation. 

La mise en place des différentes dispositions liées à la loi de refondation posent de multiples problèmes aux écoles et aux collèges, à leurs personnels et élèves, problèmes qui font l’objet d’un déni obstiné de la part de l’institution. Quant au livret scolaire unique (numérique), il est imposé alors qu’il n’est pas opérationnel. Son caractère numérique, relatif, est socialement discriminant pour les familles. Nous avons en outre les plus grandes craintes sur la sécurisation des données ainsi récoltées.

En primaire, nous avons aussi quelques inquiétudes dans le milieu rural. Les pressions faites pour les regroupements d’écoles sont à l’opposé de ce que nous attendons d’un service public de proximité. Ils ne sont pas toujours en adéquation avec l’intérêt de l’enfant. D’une façon générale, il faut se donner du temps pour travailler avec les territoires, au lieu de plaquer un modèle administratif unique quelles que soient les réalités locales et les besoins.

Dans le second degré, de trop nombreux personnels sont confrontés à des classes surchargées, des horaires disciplinaires diminués, une multiplication des affectations sur plusieurs établissements. La question du remplacement se pose déjà dans de nombreuses disciplines.

En collège, c’est la réforme, sous le signe de l’autonomie de l’établissement qui se met plus ou moins en place, contre l’avis majoritaire des personnels : faute de pouvoir tout faire, chacun fera ce qu’il pourra ! Nous l’avons martelé, tout changer en une seule année est illusoire. Avec les nouveaux programmes, le niveau à atteindre est renvoyé au local, charge à chaque établissement de déterminer ce qui doit être enseigné, Ce sont ainsi de profondes inégalités qui s’instaurent.

En lycée, ce sont de nombreux élèves en plus qu’il faut accueillir. Si le redoublement était vécu comme un échec par l’élève, sa suppression pure et simple n’est pas une solution. Améliorer les conditions d’études, diminuer les effectifs par classe, mettre en place des équipes pluri-professionnelles dans tous les établissements auraient été de vraies mesures en faveur de la réussite scolaire, pour éviter les décrochages. La mesure imposée par le ministère a augmenté le taux de passage vers la 2de GT et dévalorisé celui vers la 2de Pro. Elle a aussi produit un flux d’élèves vers les classes de Première générales et technologiques, scolarisés dans des classes à effectif pléthorique. Enfin, elle va générer un accroissement non maîtrisé des passerelles vers les 1ères pro. Or la filière professionnelle est construite sur 3 ans. Il manquera donc une année de formation à ces élèves.

La carte des formations du public nous présente une offre qui correspond à 1/3 de propositions pour le Poitou Charentes contre 2/3 pour l’Aquitaine, sachant qu’il n’existe que deux fois plus LP dans cette académie. Pour la plupart, les établissements et les territoires ont découvert une offre qui n’avait pas été débattue au sein de leurs instances et s’étonnent de ne pas avoir été sollicités. On constate une proposition de seulement 2 ouvertures de BTS, une ambition bien minimaliste en termes de poursuite d’études et d’élévation du niveau de qualification. A moins que le choix de la Région et du Rectorat ne soit de favoriser l’enseignement privé…. On compte en effet 4 ouvertures de bac pro, 2 en bac techno et 5 en BTS pour le privé. Nous attendons des explications sur ce choix politique que nous condamnons !

La région continue à survaloriser l’apprentissage au détriment de la formation initiale sous statut scolaire, malgré les difficultés constatées qu’éprouvent les jeunes pour trouver une entreprise d’accueil en cette période de crise économique. Comment assurer la formation en entreprise alors que les « tuteurs » ne reçoivent aucune formation ? La mixité des publics imposée par la carte des formations qui nous est présentée pose de multiples problèmes pédagogiques qu’il est facile de nier quand on n’est ni élève ni enseignant. Quant à la mixité des parcours, elle est pédagogiquement incohérente et ne peut permettre une formation de qualité. L’Education Nationale ne peut pas être au service du patronat, elle est au service des jeunes qui attendent une véritable formation professionnelle et des qualifications reconnues. L’école, service public, accueille tous les jeunes sans aucune discrimination. L’entreprise choisit son apprenti, selon ses propres critères. Qu’advient-il de ceux qui ne sont pas choisis ?

Concernant la carte des formations initiales scolaires des établissements publics de l’enseignement agricole, pour la rentrée 2017, sur une vingtaine de demandes d’ouverture de formations ou de transformations de sections présentées par les EPL, seul un projet obtient un avis favorable du Directeur régional : une classe de 3ème EA à Montmorillon. Une proposition qui ne correspond pas obligatoirement aux besoins du territoire puisque le taux de pression montre le besoin d’une classe de seconde pro. Nous dénonçons une fois de plus l’absence d’ambition pour l’enseignement agricole public.

Les mesures prises par la nouvelle région, dans le champ de l’éducation, sont inquiétantes car essentiellement guidées par des motivations financières, Elles marquent un recul dans la lutte contre les inégalités sociales (diminution importante des aides pour l’achat des manuels scolaires, forte réduction des subventions pour l’action culturelle, interrogations sur l’avenir des animateurs culturels et des ATPR). Concernant les dotations de fonctionnement des EPLE, vos propos, monsieur le vice-président, lors de la séance du 24 octobre n’ont pas réduit nos inquiétudes. Si ces dotations évoluent peu cette année, votre annonce d’une réflexion sur une harmonisation va entretenir la perplexité dans les lycées. Nous demandons qu’un groupe de travail du CAEN soit mis en place sur cette question.