Déclaration liminaire SNES-FSU devant la FPMA du 6 juin 2016

Madame la Rectrice,

A l’ouverture de cette FPMA, le SNES-FSU, organisation syndicale majoritaire dans le second degré, entend se faire l’écho de l’exaspération et de la fatigue des enseignants dont l’institution ne semble pas capable de prendre la mesure. Réforme du collège imposée à marche forcée sans écoute, sans réalisme… management toujours aussi agressif et absurde… injonctions contradictoires qui se multiplient… Le projet de « loi travail », qui contrairement à ce que d’aucuns prétendent concerne aussi bon nombre de personnels intervenant dans les collèges et lycées, fait peser de nouvelles menaces sur la qualité du dialogue social, les conditions de travail de tous. Car nous ne nous leurrons pas : nous savons bien que si cette loi est appliquée, la fonction publique en fera rapidement les frais au prétexte d’une pseudo égalité qui n’est invoquée que pour tirer tout le monde vers le bas. La FSU poursuivra donc le combat, avec l’Interprofessionnelle, pour exiger le retrait de cette loi.

La préparation de rentrée annonce encore une aggravation des conditions de travail : classes surchargées en particulier en lycée, augmentation du nombre d’HS, désorganisation annoncée des collèges. Dans ce contexte, les nouvelles modalités d’orientation en 3ème et 2de font craindre des difficultés accrues pour gérer les classes et assurer le suivi des élèves. Les enseignants ont le sentiment, en cette fin d’année, que tout est fait pour leur rendre la tâche plus difficile, augmenter encore l’échec scolaire et le décrochage. Si le redoublement n’est pas toujours une solution pour les élèves en difficulté, sa disparition sans prévision aucune des outils indispensables à la remédiation ne peut que brouiller le message du travail et des efforts nécessaires à la réussite scolaire, message que les enseignants ont de plus en plus de difficulté à faire entendre. La tenue des conseils de classe manifeste actuellement le peu de cas qu’il est fait de la parole enseignante et de l’expertise qu’il conviendrait pourtant de lui reconnaître.Il suffit d’entrer aujourd’hui dans une salle de professeurs pour entendre le découragement qui gagne la profession. Et il sera difficile de compter sur la nouvelle génération quand les concours continuent à ne pas faire le plein, preuve s’il en était de la perte d’attractivité de notre métier.

Ce sont donc toujours des conditions aggravées d’apprentissage pour les élèves et des conditions dégradées d’exercice du métier, un recours devenu endémique à la précarité, qui donnent à penser que l’École n’est pas, quoiqu’on en dise, la priorité nationale qu’elle devrait être. Les défis à relever sont pourtant de taille.

Mais l’actualité de la profession, c’est toujours et encore bien sûr, la réforme du collège et le refus massif auquel elle se heurte. Sur le fond comme sur la forme, le SNES-FSU tient à rappeler son opposition à ce projet. Le SNES-FSU a très bien compris les dangers que recèle cette réforme, qui n’est que la caricature de la réforme du lycée dont l’évaluation récente a montré l’échec : échec de l’accompagnement personnalisé, échec du « rééquilibrage des séries », échec de la lutte contre le décrochage. Le ministère ne trouve rien de mieux que d’appliquer au collège les recettes qui n’ont pas fonctionné au lycée : on peine à comprendre la logique !

Dans ce contexte, les annonces récentes d’un timide dégel du point d’indice et de mesures concernant les parcours de carrière sont accueillies favorablement mais sans débordement d’enthousiasme. En effet, on est bien loin d’un rattrapage du pouvoir d’achat perdu et le déclassement de la profession perdure.

Pour en revenir au strict ordre du jour qui nous réunit aujourd’hui, le SNES-FSU continue à revendiquer le retour à un véritable mouvement national amélioré qui seul peut garantir un traitement équitable de tous les collègues et éviter toute mutation à l’aveugle. Le passage obligé au mouvement inter pour les titulaires désireux de muter dans une autre académie ne fait qu’accroître d’années en années le nombre de mutations en extension. Quant aux collègues déjà entrés dans notre académie, ils ne s’y trompent pas et formulent assez rarement le vœu « départemental » ; ce qui limite encore les possibilités de mobilité. D’autres, craignant en tant que dernier arrivé dans un nouvel établissement, d’être menacés d’un complément de service ou d’une carte scolaire renoncent à demander une mutation. Le mouvement s’en trouve encore réduit.

Nous ne pouvons passer sous silence les annulations répétées des notes de service ministérielles par le Conseil d’Etat qui rappelle que les priorités légales (handicap, famille et éducation prioritaire) ne peuvent être barrées par aucune autre situation. Si nous reconnaissons que ces dernières doivent bénéficier d’une attention toute particulière, on ne peut en aucun cas reléguer des collègues qui n’en relèveraient pas au rôle des fonctionnaires n’ayant quasiment plus droit à muter, à l’inter comme à l’intra. Le barème doit garantir le droit à muter pour tous.

Comment ne pas s’émouvoir, dans ce contexte, du rapport du médiateur de l’Education Nationale qui considère que le mouvement des enseignants doit être « humanisé » au point de s’affranchir du barème ? Ce qui est plus grave encore dans ce texte c’est qu’il prépare un terrain connu, la régionalisation des recrutements qui renforcerait encore les inégalités territoriales et empêcherait toute mobilité pour nombre d’enseignants.

Pour ce qui concerne notre académie, nous tenons une fois encore à dénoncer la fermeture des classes de CPGE voulue par le recteur Moret alors que notre académie souffre déjà d’un déficit d’offres en la matière. Cette réduction drastique pénalise les élèves, auxquels notre institution reproche parfois de manquer d’ambition. Là encore où est la cohérence ? Au préjudice pour l’élève s’ajoutent, cette année encore, les nombreuses mesures de cartes scolaires qui frappent les collègues et les redéploiements subis.

Enfin, force est de constater que la mutation, avec ses barèmes bonifiés parfois, sert encore de substitut institutionnel à la gestion des problèmes de management. On observera ainsi que le collège Pierre Mendès-France de Soyaux connait, avec 8 demandes hors EPS, un engouement pour l’opération « mutations » qui ne peut être que symptomatique. De même, pour le collège René Caillié de Saintes, celui de Civray, celui de Buxerolles pour ne citer que quelques exemples déjà bien connus parce que maintes fois signalés par le SNES-FSU… Pourtant certains collègues ne muteront pas et seront condamnés à supporter encore des méthodes que nous ne cessons de dénoncer.

Nous remercions enfin les services pour la qualité du travail fourni tant dans la mise à disposition des documents que dans les chaînes proposées.