Le Snes avait appelé à la grève dès le mois de décembre. L’intransigeance dont fait preuve le gouvernement a encore accru le mécontentement, notamment dans l’Education et la Fonction publique, ce qui a conduit à ce que se prennent enfin des décisions unitaires, notamment d’aller à la grève le jeudi 20 janvier. S’il y a un reproche qui ne peut pas être fait à ce gouvernement, c’est celui de manquer de cohérence. Sur le fond des mesures prises, comme sur la méthode. Le 16 décembre, F. Fillon présente son projet de loi au Conseil Supérieur de l’Education. Des dizaines de tables rondes et rencontres bilatérales ont eu lieu, mais le projet ne tient presqu’aucun, voir aucun compte des remarques qui ont été formulées. Le projet est massivement rejeté par la Conseil Supérieur. Ce qui n’empêche pas F. Fillon d’annoncer le soir même qu’il présentera son projet en l’état au Conseil des ministres du 12 janvier puisque les avis donnés sont « contradictoires » (sic) et qu’il refuse de céder aux « conservatismes » (resic). Le 21 décembre après plusieurs discussions et contacts bilatéraux sur les salaires avec les fédérations de fonctionnaires, le ministre R. Dutreil annonce après une caricature de négociation des mesures qui non seulement ne tiennent aucun compte des demandes des fédérations pour rattraper les pertes de pouvoir d’achat (5% depuis 2000) mais qui vont encore aggraver ces pertes en 2005 Face à une telle politique gouvernementale qui fait sentir ses effets bien au delà de l’Education et de la Fonction publique, le mécontentement de l’opinion publique grandit. Mais le fait nouveau en ce début 2005 c’est que ce mécontentement semble bien devoir retrouver la voie de l’action collective. Les médias pronostiquent d’ailleurs un mois de janvier difficile pour le gouvernement qui sera confronté à une multiplication des rendez-vous sociaux. Si le SNES et les syndicats de la FSU du second degré se sentaient encore bien seuls début décembre, des actions ont marqué depuis plusieurs secteurs (SNCF, casinos, pédiatres sont les derniers en date) et, surtout, bien d’autres sont annoncées. Et la grève réussie du 7 décembre a été manifestement un facteur décisif pour précipiter de nouvelles décisions dans l’Education. Les fédérations de l’Education se sont en effet réunies le 21 décembre et ont assez facilement trouvé un terrain d’entente sur une décision de grève et sur une plate-forme (cf texte commun ci contre) portant sur les questions budgétaires, le refus des mesures de suppression de postes dans le cadre de la carte scolaire et sur l’abandon du projet Fillon, même s’il ne faut pas cacher qu’il reste des avis sensiblement différents sur des questions comme le socle commun ou la bivalence. Le lendemain 22 décembre, les fédérations de fonctionnaires décidaient, c’est une première depuis plusieurs années, à appeler à la grève le jeudi 20 janvier « partout où c’est possible ». La plate forme (voir texte ci-contre) est essentiellement centrée sur les salaires mais évoque aussi précisément, c’était une demande forte de la FSU, la nécessité de défendre et développer les services publics. De premières décisions sont déjà prises dans l’Education, les Finances et la Santé. Les PTT seront en grève le 18 janvier et la SNCF le 19. D’autres secteurs sont sur lr point d’arrêter leur position. Le SNES ne peut que se réjouir de voir se dessiner ces convergences qui sont indispensables à terme pour faire céder durablement le gouvernement. En même temps il restera très attentif à ce que l’ensemble de sa plate-forme (cf texte joint) soit bien présente dans les mobilisation et en tout particulier la loi d’orientation qui reste au cœur de notre action. Nous demandons une autre loi d’orientation que le projet Fillon dont les ambitions affichées ne sont que des trompe l’œil, qui programment des redéploiements, qui institue au collèges une logique de ségrégation et qui dénature le sens de notre métier. Face à un ministre qui joue manifestement l’opinion publique, le SNES poursuivra la campagne qu’il mène qu’il existe bien des alternatives au projet minist ériel pour peu qu’on veuille s’en donner les moyens ( après les forums de Marseille et Rouen, les forums de Toulouse, d’Orléans et Paris se tiendront ces prochaines semaines, la brochure grand public « notre ambition pour l’école » a fait l’objet d’un nouveau tirage à 100 000 exemplaires). Et, au delà de la grève, le SNES propose à la profession de saisir toutes les occasions de se manifester. Ce sera particulièrement le cas le 12 janvier à l’occasion du Conseil des ministres qui examinera la loi et à partir du 15 février, quand le parlement en sera à son tour saisi. Le Conseil national des 11 et 12 janvier débattra des suites à donner à ces actions.