Déclaration Snes-SneSup FSU-CGT Educ’action

Monsieur le Recteur,

Mesdames et Messieurs les membres de la CAPA,

Nous sommes aujourd’hui réunis afin de procéder à l’installation de la CAPA certifiés de Poitiers et au vote des représentants aux commissions départementales de réforme. Cette CAPA fait suite à des élections qui ont été marquées par des dysfonctionnements inacceptables au plan matériel. Et pourtant le taux de participation pour notre profession a été plus important qu’à l’élection précédente, ce qui prouve l’attachement des collègues au paritarisme et leur confiance dans les syndicats. Leur vote s’est très majoritairement porté sur la liste Snes-Snesup FSU-CGT Educ’action. Il manifeste, à n’en pas douter, une reconnaissance du travail de nos élus depuis de nombreuses années ainsi qu’une adhésion au projet d’Ecole porté par nos organisations syndicales.

C’est dans un contexte de crise sociale aigüe que nous siégeons aujourd’hui, crise dont les causes sont à rechercher dans une politique qui a abandonné depuis trop longtemps certains territoires, qui, dans son refus de régler la question de la justice sociale, a condamné de trop nombreuses personnes à la pauvreté ; crise encore attisée par une politique arrogante qui a piétiné le dialogue social, ridiculisé les luttes jusqu’ici engagées, qui a méprisé les corps intermédiaires.

Face à cette crise, les réponses, bien tardives, ne sont pas à la hauteur ; pire, elles persévèrent de manière irresponsable dans le modèle pourtant réprouvé. Il est toujours question de réforme de la Fonction Publique en des termes qui sont inacceptables ; il est toujours question de fusion des académies après celle des Régions ; il est toujours question de réforme des retraites, il est toujours question d’obstination dans une réforme du lycée accentuant inégalités et injustice sociale… quand tous appellent à davantage de protection, de justice et de solidarité. Et comme nous sommes en période de vœux, le Président de la République a récemment formulé à la Nation trois vœux : de vérité, de dignité et d’espoir. Mais de qui se moque-t-on ?

Observons en effet la situation de l’Ecole qui nous intéresse au premier chef. Un vœu de vérité quand tout est opacité, manipulation ? La réforme du lycée et du baccalauréat se fait en catimini : les cartes des spécialités, des options, des langues ont été déterminées dans l’entre-soi, jamais discutées avec les enseignants. Dans ce rectorat même, nous avons subi un déni de dialogue social : malgré nos demandes répétées, nous n’avons même pas obtenu l’information sur les décisions prises. Largement rejetée en CTA, la carte des spécialités s’imposera quand elle prive pourtant des territoires entiers de tel ou tel enseignement, jusque-là dispensé. Nous pourrions en rire si la chose n’était pas aussi sérieuse : sur l’intranet académique, une rubrique concerne les réformes en cours. Mais à celui qui voudrait s’informer, la réponse est cinglante : « désolé, vous ne disposez pas des autorisations requises pour accéder à cette page ». Les programmes que les enseignants auront à mettre en œuvre ont été écrits dans la précipitation, sans véritable concertation. Le CSE les a rejetés à une large majorité, représentants des enseignants et de parents compris. Au CTM de décembre, lorsqu’il s’est agi de définir le budget des académies, un tour de passe-passe a scandaleusement gommé le nombre réel de suppressions de postes déjà prévues. Nous ne sommes pas dupes de cette politique ; nous la combattons et la combattrons encore, en dépit de la vaste campagne de propagande mise en œuvre par le Ministre sur ces réformes.

Un vœu de dignité ? Repensons aux images de l’arrestation des lycéens de Mantes la Jolie : il faudra aux enseignants des années pour faire retrouver à certains élèves la confiance dans nos institutions. Par ailleurs et tout en ayant bien à l’esprit que des personnes vivent en France aujourd’hui dans des conditions bien plus indécentes que celles que nous invoquons ici, quelle dignité dans le salaire versé à un jeune collègue après tant d’années d’études ? Il est urgent de revoir la rémunération des enseignants par une revalorisation immédiate du point d’indice, en aucun cas par des mesures ponctuelles, individuelles qui s’apparenteraient à une rémunération au mérite dont nous avons si souvent pu montrer les limites, au sein de cette capa, à l’occasion des promotions de grades ou pour l’accès à la liste d’aptitude. La dignité pour nos professions, c’est encore un statut en lieu et place du contrat ; ce sont des conditions décentes d’exercice de nos métiers alors qu’aujourd’hui les Psychologues de l’Education Nationale sont chaque jour menacés dans leurs missions, qu’une avalanche de suppressions de postes se prépare, que l’on a supprimé des centaines de postes aux concours, que se mettent en place de véritables pré-recrutements à rebours du projet actuel. La dignité pour nos professions, ce serait de ne plus considérer les enseignants comme les exécutants dociles de politiques qui – fait grave- mettent en cause l’égalité républicaine et l’accès de tous au plus haut niveau de qualification.

Alors formulons en effet, Monsieur le Recteur, un vœu d’espoir ! Espoir que le paritarisme soit pleinement respecté ! Espoir que la large contestation de la réforme du lycée et de la voie professionnelle, le refus des suppressions de postes soient enfin entendus ! Espoir que la Fonction Publique ne soit plus regardée par les décideurs de ce pays comme une charge mais comme une chance ! Espoir dans une politique d’éducation qui ne soit pas soumise au dictat du budget et s’engage dans un projet sincèrement égalitaire et émancipateur pour notre jeunesse !

Plus localement, formulons l’espoir de conditions matérielles d’exercice de notre mandat qui soient plus respectueuses des délais, de l’exigence de transparence, l’espoir d’un dialogue social restauré dans l’intérêt des collègues que nous représentons. A cet égard, nous demandons qu’un GT « évaluation/rendez-vous de carrière » soit réuni pour tous les corps dans les meilleurs délais.