TEXTE CAA septembre 2020, POITIERS

présenté par le secrétariat

Contexte général :

La crise sanitaire sans précédent que nous traversons a exacerbé les inégalités sociales, illustré le rôle majeur des services publics et la nécessité de changer radicalement de modèle économique et social. En dépit de cela, Emmanuel Macron a choisi de maintenir une ligne libérale, à rebours des besoins sociaux et environnementaux. Il ajoute à cela un discours sécuritaire, en des termes inacceptables et irresponsables, destiné à préparer le débat qu’il préfigure avec le Rassemblement national et essaie de focaliser l’attention sur les enjeux sécuritaires.

Si la crise sanitaire a mis en veilleuse l’application entière de la réforme de l’assurance chômage et des retraites, le gouvernement entend bien reprendre ces dossiers, dont une réforme paramétrique des retraites. Il prend désormais appui sur la crise économique engendrée par la pandémie pour tenter d’accentuer son entreprise de destruction des garanties collectives. Alors que les plans sociaux s’enchaînent, aucun effort n’est fait en faveur des salaires pour relancer la consommation.

Le plan de relance de 100 milliards profitera surtout aux plus grandes entreprises, sans exigence de contreparties. La Fonction publique n’est pas concernée par le plan de relance, que ce soit en matière d’emplois ou de salaires, la valeur du point d’indice demeurant gelée.

  Rentrée 2020 : tout sauf « normale »

Dans l’Éducation, en dépit des alertes et des propositions faites par le SNES-FSU dès le mois de juin, le Ministre a martelé son refrain : « tout est prêt », n’a pris la mesure de la situation ni sur le plan sanitaire ni sur le plan pédagogique. Le protocole sanitaire modifié fin août connaît autant d’interprétations que d’établissements dans l’académie. Il a paru plus nécessaire d’ assouplir tardivement un protocole sanitaire pour assurer que les élèves puissent être gardés en milieu scolaire et permettre aux parents de travailler.La période de confinement a été éprouvante pour les personnels qui ont dû pour une bonne part s’autoformer à l’enseignement à distance, s’investir énormément pour maintenir le lien avec les élèves et subir parfois des pressions de la hiérarchie. La période post confinement met en évidence les lacunes des élèves, accentuées depuis 6 mois, dès les premiers résultats des tests d’évaluations. D’ailleurs, ces évaluations sont contestables car au service d’attentes ministérielles et statistiques au lieu d’objectifs pédagogiques fixés par l’enseignant responsable de sa classe. Le Snes a appelé à signer la pétition en ligne qui n’a récolté que 11000 signatures mais dont la presse nationale s’est fait l’écho (Le Monde du 14/09/2020).

L’impréparation sanitaire n’a d’égal que l’impréparation pédagogique orchestrée par le ministère. Aucun aménagement d’examen cette année n’est envisagé mais il n’y a pas non plus d’aménagement des programmes, voire tout simplement l’élaboration de sujets 0 permettant d’illustrer les attentes, en spécialités, du nouveau bac 2021. Par contre, sur commande du gouvernement au CSP, les programmes d’Histoire-Géographie de collège ont été « verdis » dans un BO du 30 juillet 2020, sans respect pour le travail de préparation de cours, composante intrinsèque de nos métiers mais largement méconnue par nos encadrants.

Le port du masque et l’application des règles sanitaires aggravent les conditions d’exercice de nos métiers. En outre, une ARS a déjà évoqué le fait que les masques fournis par l’Education nationale n’étaient pas assez protecteurs, ni adaptés aux conditions de travail qui sont les nôtres. Une illustration de plus du peu de considération dont le gouvernement fait preuve envers ses agents. La baisse du nombre d’adultes dans les établissements ne permet pas de prendre en charge les élèves qu’il faudrait isoler, ni les classes sans professeur, ni de maintenir les conditions sanitaires prévues par le protocole. Le ministre prend le risque de faire des établissements scolaires des foyers épidémiques. Les mesures prises pour l’isolement ou les congés de maladie des enseignants aggravent les conditions de travail des personnels de vie scolaire, eux-mêmes touchés par la pandémie.

De plus, aucune consigne claire du rectorat n’est envoyée aux établissements concernant la position des collègues en mesure d’isolement pour suspicion ou cas contact ; ce qui entraine parfois des congés maladie injustifiés. Des collègues se voient déjà confronté.e.s à la difficulté voire l’impossibilité de gérer les cours en présentiel / distanciel face à l’absentéisme plus ou moins conséquent de leurs élèves. Le SNES-FSU dénonce les injonctions à une double tâche d’enseigner en classe et à distance. Le Snes-Fsu réclame la disparition du jour de carence, rétabli en juillet, qui pourrait conduire certains personnels précaires à minimiser leurs symptômes pour ne pas avoir à subir des retraits injustes de salaire.

Alors qu’un collectif budgétaire s’impose pour permettre l’allègement des effectifs du groupe classe et prendre en compte les difficultés scolaires engrangées par les élèves, ce sont des heures supplémentaires qui sont proposées aux collègues, déjà écrasé.e.s par les heures supplémentaires imposées .

La mise en place de la réforme du lycée en Terminale se traduit par une dégradation majeure des emplois du temps des élèves et des professeurs. Les élèves au niveau fragile et ceux à besoins éducatifs particuliers en sont particulièrement victimes. Le ministre prétend défendre une école inclusive, mais les réformes du lycée et du baccalauréat montrent un tout autre projet : celui de l’éviction des élèves qui n’ont que l’école pour apprendre. La charge de travail des personnels AESH se trouve aggravée par la mise en place des PIAL et la mutualisation des prescriptions MDPH.

L’éclatement du groupe classe pose aussi la question du travail des professeurs principaux qui déplorent l’alourdissement de la tâche pourtant bien mal rémunérée.La survie des options facultatives est plus que jamais d’actualité. Certains chefs d’établissement y voient l’opportunité de lancer des professeurs référents, qui prendraient en charge l’orientation, au mépris des compétences et des missions des personnels Psy-EN. De plus, l’Onisep perd 62 % de ses effectifs. Les élèves et les familles ne seront plus destinataires des publications gratuites « après la 3ème », ou « après le Bac » sauf si leur région décide de les publier. Mais avec quelle neutralité et objectivité? C’est la porte ouverte à la marchandisation de l’orientation au profit d’organismes privés. Par ailleurs on regrettera que la Région s’empare de la formation des professeurs principaux.

 Mutations intra et affectations des TZR  

Cette année, l’application de la loi de transformation de la Fonction publique a mis fin à la tenue des commissions paritaires sur les mutations et des groupes de travail d’affectations des stagiaires, TZR et contractuels. Si le SNES-FSU a dû, en partie, modifier ses habitudes de travail, l’expertise de ses militants reste un formidable atout. Malgré le confinement et la période toujours forte en contrainte qui a suivi, le SNES-FSU a su être présent aux côtés de ses syndiqués, et plus largement de toutes celles et tous ceux qui l’ont sollicité pour les conseiller, les accompagner et les défendre. Personne n’a été laissé seul.e face à l’administration. Les militants ont joué un rôle majeur pour faire prendre conscience aux collègues que la force du SNES est sa connaissance du mouvement et sa capacité à accompagner individuellement les collègues.

Pourtant, le bilan au niveau de l’académie n’est pas bon. Le mutisme du rectorat face à nos demandes est insupportable. Il est donc clair que notre académie, ses représentants sont au diapason et aux ordres du Ministère pour informer le moins possible la profession.  Le mépris est installé. Il nous faut réagir.

Rupture conventionnelle

Les militants ont essayé d’accompagner au mieux les collègues voulant profiter du nouveau dispositif de rupture conventionnelle. Le rectorat cependant n’est pas en mesure de mettre en œuvre les textes réglementaires fixant l’attribution d’une indemnité de départ car aucune enveloppe budgétaire n’a été prévue. Une telle impréparation est scandaleuse de la part d’une administration.

Stagiaires :

Davantage que d’habitude, chacune et chacun veillera à accompagner nos collègues stagiaires dans leur découverte du système. La crise sanitaire les aura bien malmené.e.s. On sait aussi que l’année de formation n’est pas une sinécure. Mais comme si cela ne suffisait pas encore, le ministre a décidé récemment de la mise en place d’un entretien professionnel, aux contours fort discutables, pour celles et ceux qui n’auraient pas eu d’oral. Comme si au printemps, les stagiaires n’auront déjà pas fait leurs preuves devant des classes bondées ! Une preuve encore d’un management de la défiance là où il est si souvent question pourtant de bienveillance !

Action :

La rentrée n’est pas « normale », nos métiers sont dévalorisés et dénaturés. Cette situation appelle une réponse forte et construite sur la durée, avec comme perspective une journée d’action nationale d’ici la fin de l’année civile.

Dans l’immédiat, le SNES-FSU s’attachera à renforcer la syndicalisation, en intensifiant les contacts avec les collègues par le biais des S1 ;  Il est urgent de reconstruire le lien entre les personnels et le SNES-FSU et de renforcer la syndicalisation en proposant des heures d’informations syndicales et la formation de nouveaux militants. Il nous faut amener des collègues non syndiqué.e.s à participer à nos stages.

Le SNES appelle à saisir les commissions Hygiène et Sécurité dans les établissements où elles existent pour peser sur la mise en œuvre de protocoles sanitaires locaux. Il faut également s’emparer des registres RSST qui permettent à nos représentants en CHSCT d’être efficaces.

La question de la revalorisation de nos salaires est centrale. Les annonces récentes du Ministre sur un « Grenelle du métier de professeur » ne constituent pas la revalorisation attendue par nos professions. Le SNES-FSU demande une revalorisation significative, pour toutes et tous, et sans contreparties.

Avec les États Généraux du numérique, qui se tiendront à Poitiers en novembre, le Ministre entend promouvoir sa vision du numérique. Le Snes-Fsu doit intervenir localement dans le débat et prévoir, dès cette année, dans la formation syndicale, une journée sur le thème du numérique.

Le dossier de l’éducation prioritaire sera ouvert en janvier, lors de la préparation de rentrée. Le Snes avec la Fsu sera particulièrement vigilant sur le traitement de ce dossier au niveau académique.

Le SNES, avec la FSU, appelle à participer aux actions prévues les 25 et 26 septembre afin de rappeler l’urgence sociale et climatique dans laquelle nous nous trouvons.

Dans la perspective des élections locales de 2021 (départementales, régionales), les sections départementales, académiques et Nouvelle Aquitaine, en lien avec les SD FSU, interpelleront les collectivités territoriales pour porter nos revendications sur leurs domaines de compétences (bâti, personnels territoriaux, matériel pédagogique..).D’ores et déjà et en cette période de contraintes sanitaires, les CA des établissements déposeront des motions pour réclamer des emplois supplémentaires pour soulager les collègues en poste .

Le Snes-Fsu appellera aux rassemblements initiés par l’intersyndicale (Sud éducation, Snes-Fsu, Fnec-Fp-FO, Cgt éduc’action) en soutien aux collègues du lycée de Melle convoqués en conseil de discipline pour leurs actions syndicales lors des passations des E3C 1. Les commissaires paritaires contribueront à la défense des collègues pendant la CAPA. Nous proposerons un travail intersyndical aux autres organisations représentées dans les instances. Le SNES de Poitiers réaffirme son attachement à l’exercice des libertés syndicales et dénonce l’acharnement de l’administration dont sont victimes les collègues.

Année de congrès, les sections et les tendances auront à nourrir des débats autour de nos métiers, des programmes, de la formation des élèves et personnels, de l’avenir du syndicalisme…En espérant que le virus nous en laisse la possibilité, nous nous retrouverons en mars, en Charente, pour notre congrès académique, convaincu.e.s que des débats passionnés et respectueux permettront d’écrire nos mandats de demain et de faire vivre longtemps encore notre force syndicale, dans un paysage éducatif en plein bouleversement.