La réunion plénière est un moment opportun pour présenter les représentant-es du SNES-FSU de l’établissement ainsi que les enjeux syndicaux des semaines à venir.

Vous trouverez ci-dessous quelques éléments qui sont autant de suggestions pour vous aider à construire votre intervention.

Des avancées qui en appellent d’autres !

Cette année a commencé par une victoire sur le bac (épreuve de spécialité, oral de l’EAF, suppression de la dernière partie du Grand oral) qui est à mettre au crédit de nos mobilisations. Le ministère est en difficulté sur le Pacte. Ce sont autant de points d’appui qui montrent que l’action syndicale paye. A nous de continuer et de construire les conditions d’une année offensive et victorieuse !


Nouveau ministre, vieilles lunes conservatrices

À la place d’un Pap Ndiaye qui aura appliqué à la lettre le programme d’Emmanuel Macron, mais avec trop de discrétion selon l’Elysée, c’est Gabriel Attal qui s’installe Rue de Grenelle. Sa feuille de route est connue : poursuivre la mise en oeuvre du projet d’Emmanuel Macron, le porter plus fortement dans l’opinion publique et…« cogner », selon les mots d’Elisabeth Borne. Dès ses premières déclarations, le (jeune) ministre de l’Éducation nationale a d’emblée multiplié les clins d’oeil à la frange conservatrice de l’électorat : port de l’uniforme paré de toutes les vertus (qu’il n’a jamais eues), discours martial sur l’ordre et l’autorité, glorification du SNU comme réponse aux émeutes… Emmanuel Macron et Gabriel Attal se fourvoient : alors que l’École manque de tout, l’uniforme n’est pas la solution magique aux maux de l’École et de la société, pas plus que la mise au pas de la jeunesse. Ces discours hors sol servent surtout à ne pas aborder l’état réel de l’Éducation nationale à cette rentrée.

1841 postes non pourvus aux concours, des nouvelles sessions de recrutement en catastrophe par job dating ou petites annonces via Pôle Emploi…C’est un nouvel épisode de la rentrée du bricolage qui se dessine, dans lequel tout le monde est perdant : mépris pour nos collègues contractuel·les lancé·es dans le grand bain sans formation, mépris pour les élèves et leurs familles à qui on fait croire qu’il est possible de recruter ainsi des professeur·es, CPE, Psy-ÉN !

Cette rentrée confirme surtout les analyses et exigences du SNES-FSU : une revalorisation sans contreparties et une amélioration des conditions de travail sont indispensables pour les personnels en poste mais aussi pour résorber la crise de recrutement : selon la DARES, il faudra recruter 329 000 enseignant·es du premier et du second degrés d’ici 2030 en raison des départs à la retraite, 2030, c’est demain, il y a urgence !


Des mesures systémiques

À travers la réforme du collège, la réforme de la voie professionnelle, le Pacte ou encore le protocole d’accord avec l’enseignement catholique sur la mixité sociale et scolaire, (qui s’ajoutent à la réforme du bac, du lycée et ParcourSup), c’est le modèle libéral d’une École du tri social et de la concurrence entre les personnels qui se dessine. Les élèves se trouvent assigné·es à leurs origines sociales, sans que l’École publique ne puisse contrecarrer le poids des déterminismes sociaux. Quant aux personnels, après des années de prescriptions pédagogiques, c’est désormais leur statut qui est dans le viseur. Enfin, la concurrence exacerbée entre les personnels et les établissements, sous couvert d’autonomie des EPLE, fait exploser les collectifs de travail et met sous pression les personnels, sommés de s’adapter à la loi du marché scolaire. Ce projet politique n’est pas nouveau mais la rentrée 2023 pourrait voir toutes les pièces du puzzle s’assembler et ainsi acter une transformation systémique de l’École sans précédent.

 

Pacte

Les éléments de langage présidentiels (le Pacte comme élément de revalorisation) se sont heurtés à la prise de conscience collective de la tromperie présidentielle menée par la campagne du SNES-FSU.

 

Le Pacte n’est pas de la revalorisation, ce sont des tâches supplémentaires pour des professions (professeur·es, CPE, Psy-ÉN) qui croulent déjà sous les tâches : la moitié des enseignant·es travaillent plus de 43 heures par semaine ! Le Pacte introduit également les germes de la contractualisation, une attaque frontale contre le statut. À travers la signature du Pacte, il s’agit bien d’entrer dans une relation contractualisée dans laquelle le ou la professeur·e pacté·e doit quelque chose à son chef d’établissement. Le Pacte accroît les inégalités femmes/hommes, est aussi un outil de division et de mise en concurrence des personnels…Il existe de nombreuses raisons de le refuser !

D’autant plus que les textes réglementaires, parus au compte-goutte cet été, ont confirmé nos analyses :
– la mission de remplacement de courte durée (RCD) est « prioritaire » « Sauf exception », elle doit constituer la première brique quasi incontournable du Pacte ;
– le RCD est une forme d’astreinte pour les personnels qui doivent donner au moins un créneau horaire sur lequel elles et ils seront mobilisables pour remplacer au pied levé, selon un délai défini localement, un·e collègue absent·e ;
– la mise en place du Pacte, notamment du RCD, fera l’objet d’un contrôle pointilleux des rectorats (un·e chargé·e de mission sera nommé·e dans chaque académie) et du ministère. Les chefs d’établissement seront évalués sur la mise en oeuvre du Pacte. Cette pression pourrait retomber sur les personnels : toujours plus de néomanagement et moins d’autonomie professionnelle et de liberté pédagogique !
– Devoirs Faits et Découverte des métiers en collège, SNU au lycée, mise en oeuvre de projets d’innovation pédagogique, réforme de la voie professionnelle…le Pacte est l’outil de la mise en oeuvre du projet d’Emmanuel Macron : une École du tri social où les personnels croulent sous les prescriptions
(des rapports d’activité seront à produire pour la plupart des missions du Pacte) ;
– le Pacte est une tromperie aussi vis-à-vis de l’opinion publique : il ne permettra pas de remplacer systématiquement les professeur·es absent·es comme l’avait promis Emmanuel Macron puisqu’il prévoit que des AED pourront superviser des « séquences pédagogiques numériques ». Autrement dit, le pacte réinvente l’heure de permanence ! C’est aussi et surtout méprisant pour nos collègues AED dont les conditions de travail sont déjà notoirement dégradées.

Le SNES-FSU appelle à ne pas signer le Pacte. Il est toujours possible de s’engager dans Devoirs Faits ou des projets et d’être rémunéré·e par des HSE et des IMP. Le SNES-FSU met à la disposition de la profession tous les outils pour refuser collectivement le Pacte dans les établissements, tout en menant la bataille au niveau national pour obtenir l’abandon du Pacte et le versement des sommes consacrées sur des mesures sans contreparties.


Revalorisation : le socle ne fait pas l’affaire et le Pacte n’en est pas une

Les mesures dites « Socle » bénéficient à toutes et tous sans contrepartie mais pas de façon uniforme. Il y a des mesures indemnitaires plus ou moins ciblées et des mesures de carrière. L’ensemble représente 5,5% de la masse salariale des personnels concernés, soit nettement moins que les 10 % promis par Emmanuel Macron, y compris si on y intègre l’augmentation de la valeur du point d’indice (+1,5% au 1er juillet 2023). Ces mesures sont insuffisantes puisqu’elles ne font que limiter le décrochage de nos salaires par rapport à l’inflation de ces deux dernières années. La nécessité de la revalorisation de nos métiers reste toujours aussi urgente. Mais grâce aux interventions du SNES et de la FSU, l’ensemble des enseignant·es, CPE et Psy-ÉN sont concerné·es par le doublement de la part fixe de l’ISOE, portée à 2 550 € bruts par an, l’alignement de l’indemnité de sujétion des professeur·es documentalistes et l’augmentation du même montant (+1 293 €) des indemnités de fonction des CPE et Psy-ÉN. L’augmentation de la prime d’attractivité concerne tous les non-titulaires (+300€ brut par an) et les titulaires jusqu’au 7e échelon de la classe normale (de +600 à +1 780 € brut par an). À ces mesures indemnitaires s’ajoutent des améliorations de carrière applicables
dès cette rentrée : augmentation des promotions à la hors-classe et à la classe exceptionnelle, décontingentement de l’échelon spécial pour les certifiés, CPE et Psy-Én.

Pour les collègues titularisé·es à cette rentrée, la reprise des services antérieurs servant à la détermination de l’échelon de début de carrière est améliorée. Enfin, à la rentrée 2024, l’accès à la classe exceptionnelle sera transformé avec la suppression des deux viviers et le passage d’un contingent à un ratio promus/promouvables. Cela permettra d’assurer durablement plus de promotions.

Le SNES et la FSU interviendront pour obtenir un barème permettant au plus grand nombre de collègues d’atteindre ce troisième grade avant la fin de leur carrière.


En collège, une réforme à bas bruit

La suppression de la technologie en Sixième annoncée brutalement et sans aucune concertation en janvier dernier a été la première étape d’une nouvelle réforme du collège qui ne dit pas son nom. Installée à la place de la technologie, l’heure de soutien/approfondissement en mathématiques ou en français confirme la volonté du ministère de poursuivre au collège, après l’avoir fait dans le premier degré, le resserrement des connaissances sur les savoirs fondamentaux : lire, écrire, compter. Il s’agit même de centrer les apprentissages des élèves, quitte à répéter inlassablement les exercices, sur la fluence, la dictée et le calcul mental. C’est une approche que le SNES-FSU conteste énergiquement, les élèves ont besoin de savoirs disciplinaires diversifiés et progressivement spécialisés pour s’épanouir et réussir au collège. Le ministère poursuit en réalité le projet éculé de l’école du socle qui unifierait les corps des professeur·es des collèges et des écoles pour des apprentissages moins ambitieux et un collège à deux vitesses. Les groupes de niveaux en Sixième en sont l’exemple avec d’une part l’approfondissement des programmes en mathématiques et français pour les meilleur·es élèves et d’autre part le soutien confié en partie aux professeur·es des écoles volontaires pour signer le Pacte. Des parcours différenciés seront la suite logique, à terme, du nouveau dispositif Découverte des métiers financé par le Pacte et organisé au local selon les opportunités des territoires économiques. Ils capteront dès la Cinquième l’attention des élèves les plus fragiles pour encourager leur sortie précoce du système éducatif vers l’apprentissage en entreprise. Devoirs faits devient obligatoire pour tous les élèves en Sixième mais le financement repose principalement sur le volontariat des professeur·es des écoles et du collège à s’engager pour le Pacte.

Une nouvelle coordination est créée pour le suivi des élèves à besoin éducatif particulier, indemnisée forfaitairement par le Pacte. Cette coordination, comme celles possibles pour Devoirs faits et Découverte des métiers, peut installer si on n’y prend garde, une hiérarchie intermédiaire dont l’autorité sur les équipes sera affirmée par des lettres de mission.

La pression sera aussi très forte dès ce début d’année sur le remplacement en interne selon la volonté du Président Macron de ne voir aucune heure de cours non assurée. Sans recruter ni y mettre les moyens, sa stratégie repose sur le Pacte. Les emplois du temps des collègues volontaires seront optimisés afin de dégager des plages horaires pour assurer cette nouvelle astreinte.


En finir avec le lycée de Parcoursup

Le nouveau ministre a annoncé ses arbitrages pour les épreuves de spécialités. Le report des épreuves à juin, demandé unanimement désormais par les organisations syndicales y compris par celles des chefs d’établissement, était la meilleure solution.

Le SNES-FSU maintient la pression pour obtenir la remise à plat du lycée Blanquer, un autre format de l’EAF avec de nouveaux programmes, et des épreuves du bac anonymes et nationales en fin de Terminale en plus de l’abrogation de Parcoursup.

 

La réforme du lycée n’en finit toujours pas d’être réformée avec cette rentrée le retour des mathématiques en Première générale pour les seul·es élèves non-spécialistes. Avec un faible horaire et un programme qui n’a pas été conçu pour des non-spécialistes, la poursuite en mathématiques complémentaires en Terminale semble déjà illusoire. Des heures de soutien étaient aussi annoncées en Seconde dans le cadre du « plan maths », aucune n’a été notifiée aux établissements. Le ministère se paye de mots pour corriger les effets dévastateurs de la réforme du lycée sur le parcours des filles et des jeunes issus des familles les plus modestes. Le gouvernement préfère miser sur la domestication de la jeunesse et instrumentaliser l’EMC dont les programmes vont être revus dans l’année. S’il renonce à sa généralisation, le SNU (service national universel) sera expérimenté au printemps dans les classes de Seconde sous la forme de « classe engagée du SNU ». La coordination du projet est indemnisée forfaitairement pour les collègues qui s’y engageront, par une mission du Pacte, après avoir accepté la mission prioritaire du remplacement en interne, proposée elle au plus grand nombre.

La suppression du groupe classe et la multitude des groupes à périmètre fluctuant dans le lycée Blanquer laissent présager que la volonté de Macron de remplacer toutes les heures de cours restera sans suite.


ARE VS AED + AESH

Emmanuel Macron a annoncé lors de la conférence nationale du handicap la création d’un métier d’accompagnant à la réussite éducative fusionnant les fonctions des AESH et des AED. Cette négation de la spécificité des missions est un retour en arrière pour l’accompagnement des élèves en situation de handicap et une menace pour les vies scolaires qui sont déjà sous dotées.

L’urgence est d’améliorer les conditions de travail, d’emploi et de rémunération des AED et des AESH. À cette rentrée, les AED ne bénéficient que de l’augmentation de 1,5 % de la valeur du point d’indice. Pour les AESH, la grille a été relevée de 5 à 15 points suivant les échelons et une nouvelle indemnité de 101,61 € nets par mois pour un temps plein est créée. Là encore on est loin des promesses et des attentes de la profession.

Le courrier de l'établissement rentrée 2023
Abécédaire rentrée 2023