Un nouveau drame a frappé l’Éducation Nationale récemment. Notre collègue, Mélanie Grapinet, AED au collège Françoise Dolto de Nogent en Haute-Marne, est décédée dans l’exercice de ses missions. Ce sont tous les établissements et spécifiquement les vies scolaires qui sont touchées. Nos pensées vont d’abord aux proches de notre collègue, à ses collègues, à ses élèves. Au-delà, c’est toute la communauté éducative qui ressent douleur et effroi, et en premier lieu tou·tes les AED et CPE.

Les précédents faits de violence nous montrent malheureusement que les choix ministériels dictés par l’actualité et l’urgence ne résolvent pas les phénomènes de violence. Et pourtant le ministère se précipite dans la mise en œuvre du « Choc d’autorité ».

Nous refusons la proposition de loi adoptée au Sénat qui transforme les missions des CPE et vise à les substituer aux forces de l’ordre pour la « fouille des sacs » des élèves au détriment du travail éducatif.

Nous refusons que la notion de climat scolaire soit réduite à la seule dimension sécuritaire et instrumentalisée avec une logique d’affichage. Après différentes expérimentations (uniforme, pause numérique, internat éducatif…), place à la généralisation de l’interdiction des portables dans les collèges à la rentrée et à la transformation des EPLE en « bunkers » avec portiques, ainsi que la passation de questionnaires « Brisons le silence » pour les élèves internes ou de retour d’un voyage scolaire.

Ces mesures « dissuasives » ne régleront pas la situation ni les faits de violence, qui sont le plus souvent le surgissement de faits de société au sein de l’École. Les CPE savent l’importance d’un travail quotidien, dans la confiance, auprès des élèves. Ils et elles œuvrent à inventer des alternatives au tout punitif, à leur éducation citoyenne, à conforter des comportements responsables.

Le climat scolaire résulte d’une interaction complexe entre les différents personnels de l’établissement et leur capacité à installer ensemble une cohérence éducative qui permet une sécurisation psychologique des élèves. C’est pourquoi nous continuons de réclamer la présence et le recrutement d’adultes formé·es dans des équipes pluridisciplinaires complètes pour un réel accompagnement des élèves et pour la mise en place d’actions de prévention alors que le ministère projette d’externaliser les PSY-EN et les infirmièr.es.

Le SNES-FSU porte une vision ambitieuse du climat scolaire où l’autorité est une aventure collective. La prise en charge des violences ne peut se faire qu’avec l’amélioration des conditions de travail : création d’emplois pour les vies scolaires et travail structurel pour éradiquer les inégalités sociales. D’autres mesures sont indispensables en analysant, de manière approfondie, ce que vivent les élèves et plus globalement l’ensemble de la jeunesse (santé mentale, écrans etc). C’est collectivement, avec le SNES-FSU, que nous CPE continuerons de réfléchir pour défendre une École ambitieuse pour notre jeunesse.