Le théâtre ferait son entrée au collège comme enseignement obligatoire dès la rentrée 2024 si on en croit le Président de la République mardi 16 janvier dans sa conférence de presse. Ni cette disposition, ni ses implications n’ont été présentées et discutées en amont, notamment avec les organisations syndicales.
Des inquiétudes légitimes
Ce nouvel enseignement obligatoire de théâtre, sorti du chapeau présidentiel le 16 janvier, ne connaît pour l’heure ni horaire réglementaire ni moyen pour sa mise en œuvre. Les DHG arrivent dans les établissements et ne sont pas abondées en conséquence pour qu’un nouvel enseignement puisse s’ajouter aux enseignements artistiques obligatoires. Faut-il comprendre que cet enseignement se mettrait en place à la place d’horaires d’enseignement existants ou serait financé sur la (faible) marge fragilisant une fois de plus les enseignements optionnels ?
Beaucoup de questions se posent : combien d’heures pour le théâtre ? pour quels niveaux de classe ? en les incluant dans l’horaire global des enseignements artistiques (actuellement 2 heures hebdomadaires : 1h d’éducation musicale, 1 h d’arts plastiques) ? en les prenant sur les horaires d’autres disciplines ? sur l’enseignement du français ? en partenariat avec des structures locales, des associations ?
Et avec quelles qualifications pour enseigner le théâtre, puisqu’il n’y a pas de concours de recrutement ? S’agirait-il d’une certification comme au lycée ?
Un projet destructeur pour l’enseignement obligatoire des arts plastiques et de l’éducation musicale
On peut craindre que cet enseignement de théâtre ne soit créé en empiétant sur les horaires des enseignements artistiques existants, avec un tiers de l’horaire global pour chaque enseignement. L’hypothèse d’un enseignement trimestriel pour chacune des trois disciplines semble se dessiner : un trimestre pour chaque discipline en Sixième et Cinquième, ou peut-être de la Sixième à la Quatrième ! Ces deux hypothèses circulent dans les académies. Dans tous les cas, cela reviendrait à amputer l’éducation musicale et les arts plastiques d’un tiers de leur horaire sur l’année pour les niveaux concernés ! Dans ces conditions, pour effectuer un service complet, le nombre de classes et d’élèves à prendre en charge sur l’année augmenterait. Moins d’heures avec chaque classe et davantage d’élèves à prendre en charge : une forte dégradation des conditions d’exercice du métier est à craindre.
Pour la classe de Troisième – ou dès la classe de Quatrième – une optionnalisation des enseignements artistiques est aussi évoquée avec par exemple le choix d’un seul enseignement parmi les 3 !
Il ne saurait être question d’amputer les horaires des disciplines obligatoires.
Cette annonce d’E. Macron est un véritable choc pour l’ensemble des collègues et un mépris insupportable pour les professeurs d’arts plastiques et d’éducation musicale. Ils et elles verraient leurs services réduits, avec pour conséquence des suppressions de postes ou des compléments de service sur un autre établissement. Les collègues non-titulaires seraient aussi particulièrement touché.es, avec des contrats non renouvelés faute de besoins en établissement. Il s’agirait d’un véritable plan social pour les professeurs d’éducation musicale et d’arts plastiques.
La mobilisation s’impose afin de mettre en échec ce projet s’il était confirmé. Le SNES-FSU vous informera des suites de cette annonce. Il appelle les collègues à être en grève le 1er février : soyez visibles dans les manifestations avec des pancartes pour défendre les enseignements d’arts plastiques et d’éducation musicale.