Plusieurs collègues de l’académie nous alertent sur la mise en place d’«auto-évaluation de l’établissement», «mise en place de comité de pilotage» au sein de réunions ou de conseils pédagogiques, parfois avec injonction (ordre de mission pour des réunions les mercredis après-midi…)
L’auto-évaluation des établissements participe des outils politiques et managériaux de destruction des cadres nationaux pour les établissements comme pour les personnels. Le SNES-FSU les dénonce depuis toujours et soutient toutes les démarches syndicales locales qui permettront de combattre ces dispositifs. Le SNES-FSU revendique la suppression du Conseil d’Évaluation de l’École |
L’auto-évaluation, c’est quoi ?
L’objectif de ces évaluations est de contraindre les projets d’établissement et les équipes. Ces techniques d’évaluation sont issues du privé et déclinées dans le management public. L’idée est de « faire mieux avec moins », en mettant une grande pression sur les personnels, de passer d’une logique de moyens à une logique de résultats. Ces évaluations sont issues de la loi « pour une école de la confiance » de juillet 2019 de Jean-Michel Blanquer et sont déclinées dans les académies. Le Conseil d’évaluation de l’école a été installé officiellement fin juin 2020. Cette évaluation comporte deux phases : une auto-évaluation de l’établissement puis une évaluation de la part du rectorat ou de la DSDEN. L’auto-évaluation doit être effectuée « à tout prix » pour le 26 novembre dans notre académie. Elle concernera 20 % des établissements chaque année et donc chaque établissement sera évalué tous les 5 ans. Dans les académies de Nantes, d’Orléans-tours, de Paris, d’Aix-Marseille, Lyon, Toulouse, ça a été le cas l’an dernier.
Une auto-évaluation qui donne l’impression aux équipes, déjà exsangues, qu’il y aura une possibilité d’établir un semblant de « dialogue social » :
Le questionnaire guidé et pré-écrit pourrait culpabiliser les équipes qui devraient s’engager à réaliser des « progrès » avec des indicateurs de performance et à faire porter à l’établissement la responsabilité des difficultés rencontrées. Il s’agit de contraindre les équipes à augmenter leur charge de travail et par exemple d’augmenter les taux de passage et taux de réussite aux examens, de prévenir le décrochage, de faire plus d’orientation à la place des Psy-EN, d’organiser des stages professionnels pour les élèves, de multiplier les réunions pour faire des devoirs communs et des progressions communes…
Ainsi, ces obligations de résultats auront été écrites par les enseignants eux-mêmes dans les commissions. C’est le « management collaboratif » en un sens.
A contrario, ni le rectorat, ni les directions d’établissement, ni l’éventuelle collectivité territoriale ne s’engagent eux en termes de moyens en personnels ou en dotation de fonctionnement.
Comment agir ?
Point essentiel : cette auto-évaluation ne rentre pas dans les obligations réglementaires de service ni dans les missions liées. L’évaluation de l’établissement est du ressort de la direction. C’est une « vitrine » de l’établissement qui permet aux chefs de valoriser leurs carrières.
Le SNES-FSU appelle à dénoncer ce dispositif par un courrier, un vœu au CA, une lettre aux élu.es parents. Le mieux est d’organiser une réponse collective, par un courrier adressé au rectorat sous couvert du chef d’établissement et d’éviter de se précipiter dans les commissions, d’organiser des heures d’information syndicales ou de se réunir en assemblée générale pour rappeler aux directions que nous sommes experts et expertes de nos métiers, et travaillons avec sérieux. Si malgré tout les commissions se tiennent, les équipes peuvent en profiter pour faire apparaître les manquements de l’État et demander des moyens pour faire réussir les élèves : rétablissement d’horaires d’enseignements, dédoublements de classes, baisse des effectifs par classe, présence de personnels d’orientation, santé scolaire, vie scolaire en nombre suffisant, ou encore peuvent être présentes sans participer activement, en ne faisant pas.
C’est d’un plan d’urgence pour l’école, avec des moyens et une revalorisation salariale dont nous avons besoin, pas de mises au pas qui ne disent pas leur nom !
En cas de difficulté contactez le SNES-FSU !
Proposition de texte de refus :
Les enseignant.e.s du …………………………..
A Madame la Rectrice
s/c de M/Mme …………. chef d’établissement du ……………………
Madame la Rectrice,
Par la présente, nous vous faisons savoir notre refus de participer aux réunions prévues dans notre établissement au titre de l‘auto-évaluation.
En effet, nous ne voyons, derrière cette pratique, qu’une manière de renvoyer aux équipes la responsabilité de l’échec de la politique éducative quand, clairement, les deux années de pandémie que nous venons de connaître et dont M le Ministre refuse de prendre la mesure, le budget d’austérité dédié au second degré rendent l’exercice de nos missions de plus en plus difficile. L’auto-évaluation relève, de notre point de vue, d’une logique de résultats qui tourne le dos aux besoins qui sont les nôtres et dénature la mission de service public qui doit animer l’Ecole. Par ailleurs, cela ne fait pas partie de nos obligations de services ni des missions liées.
Nous vous prions de croire, Madame la Rectrice, en notre engagement convaincu et expert au service des élèves qui nous sont confiés.