la réforme du bac prévue depuis l’été 2019 se déploie pour la première fois dans son intégralité, dans le contexte d’une mobilisation historique de lutte contre la réforme des retraites. En tout état de cause, l’année de Terminale entre dans un tournant où toutes les échéances se bousculent.

Trois semaines de cours avant le tunnel des épreuves de spécialité, encore moins pour entrer tous les vœux sur Parcoursup… Voilà des mois que le SNES-FSU, avec la quasi totalité des organisations syndicales et les associations de spécialistes, demande le report des épreuves en juin afin de consacrer toute l’année aux apprentissages et à la préparation à l’enseignement supérieur !

Quelles sont les règles qui président à l’organisation du bac cette année ? La note de service du 20 septembre 2022 fixe le calendrier des examens pour la session 2023 et pose le cadre des modalités de correction et d’examen.

Faire respecter le cadrage national pour les décharges de cours et de surveillances !

Pour la première fois, le ministère anticipe un cadrage national des décharges de cours et de surveillance. C’est un progrès à mettre au crédit de la pression exercée par le SNES-FSU qui dénonce inlassablement les conditions dégradées de correction et d’examen, avec des délais toujours plus courts et une charge de travail toujours plus lourde. Le ministère conçoit la « dématérialisation » des corrections comme un outil de management au service d’une « optimisation » de la main d’oeuvre. Corriger la nuit, faire cours ou surveiller des épreuves le jour… Voilà un scénario parfaitement inacceptable que le ministère, les rectorats et les proviseurs envisagent pourtant très souvent!

La note de service précise en effet certaines modifications de l’organisation des enseignements dans les lycées en mars et cadre les décharges de cours et de surveillance concernant les enseignants convoqués pour les corrections et les épreuves orales:

« chaque candidat reçoit une convocation produite par les services académiques en charge des examens ou le Siec pour les académies d’Île-de-France ; le candidat est convoqué sur deux journées, un enseignement de spécialité par jour ; aucun cours de terminale n’aura lieu les lundi 20, mardi 21 et mercredi 22 mars 2023 ; les établissements organiseront des activités adaptées, dont le Printemps de l’orientation, selon les disponibilités en locaux et encadrement pour les élèves des classes de seconde et de première ; les cours d’enseignements de spécialité reprendront quant à eux le lundi 27 mars 2023 ; la correction des épreuves terminales (enseignement de spécialité, philosophie et français) est dématérialisée ; les professeurs convoqués par les services des divisions des examens et concours de leurs académies, pour la correction des copies des épreuves d’enseignements de spécialité, bénéficieront d’un forfait maximum de 4 demi-journées libérées de cours pour correction. Ce forfait sera utilisable, au choix du professeur après accord du chef d’établissement, entre le 24 mars et 7 avril 2023 ; les professeurs chargés de correction et d’évaluation des épreuves orales et pratiques sont convoqués par les services académiques en charge des examens ou le Siec selon leur académie ; les services académiques organisent les réunions d’entente et d’harmonisation pour l’ensemble des épreuves ponctuelles terminales. »

« Les enseignants chargés de la correction des épreuves de philosophie et de français sont dispensés de surveillance de ces épreuves. »

Un mois de mars infernal

L’ensemble de l’organisation des lycées généraux et technologiques est tendu vers le bac en mars et la clôture de Parcoursup. A peine rentrés de vacances d’hiver, élèves et enseignants sont confrontés à une course contre la montre pour compléter les dossiers d’orientation post-bac, boucler le second trimestre , participer aux conseils de classe, et tenter de terminer les programmes de spécialité tout en organisant des révisions avant la deadline du 20 mars , premier jour des épreuves. Les épreuves orales, pratiques et de compétences expérimentales occupent la dernière semaine du mois, le tout en même temps que la correction des épreuves écrites, les réunions d’entente et d’harmonisation. Le 11 avril , la remontée des notes dans Parcoursup, les candidats au bac prenant au passage connaissance de leurs résultats aux épreuves de spécialité, vient mettre un point presque final à l’année de Terminale.

Extrait de la note de service sur le calendrier des épreuves orales et pratiques:

« Les recteurs d’académie et vice-recteur concernés arrêtent les dates des autres épreuves pratiques et orales qui peuvent se tenir avant ou après les épreuves écrites d’enseignement de spécialité, à l’exception de : l’évaluation des compétences expérimentales de physique-chimie et de sciences de la vie et de la Terre du baccalauréat général se déroulera du 28 au 31 mars 2023 ; des épreuves de sciences et technologies culinaires et des services, enseignement scientifique alimentation, environnement de la série STHR sont fixées par les recteurs d’académie et vice-recteur pendant la période nationale définie avec l’académie pilote et en accord avec la Dgesco ; l’évaluation des compétences expérimentales de biochimie-biologie-biotechnologies ou sciences physiques et chimiques de laboratoire de la série STL est fixée par les recteurs et vice-recteur pendant la période nationale définie avec l’académie pilote et en accord avec la Dgesco. La remontée des notes dans Parcoursup est fixée au  mardi 11 avril 2023. »

Tout travail mérite salaire !

Cadrées par le décret du 5 mars 2010 et revues par l’arrêté du 13 avril 2012, les indemnités prévues pour rémunérer la charge des examens n’ont finalement jamais bougé depuis lors. Dans les faits, le ministère n’a jamais voulu réellement retravailler les dispositions indemnitaires au regard de l’évolution pourtant considérable des modalités des examens, du DNB au BTS en passant par le Bac.

Aujourd’hui, la correction d’une copie d’épreuve nationale vaut 5 euros pour le bac et 0,75 euro pour le DNB. Pour les épreuves orales, c’est encore plus indigent puisqu’il s’agit d’une indemnité horaire de 4,11 euros en collège et de 9,60 euros en lycée. Malgré la faiblesse de ces indemnités, on a encore vu les rectorats ergoter sur les lots nécessitant l’intervention de deux correcteurs et ignorer la demande de rémunération de l’oral du DNB comme des épreuves de compétences expérimentales au bac (ECE) !

Le ministère doit, dès maintenant, reprendre le chantier des rémunérations des examens qu’il a abandonné sous prétexte de la Covid et de passage au contrôle au continu. En attendant, le SNES-FSU demande à ce que soit revalorisées et appliquées les grilles d’indemnisation et que tout dépassement de l’horaire de service hebdomadaire soit compensé par des heures supplémentaires effectives (HSE).

Un baccalauréat illisible et affaibli

Le SNES-FSU continue de revendiquer une organisation transitoire du baccalauréat en exigeant la fin du contrôle continu et des épreuves terminales, nationales et anonymes en juin. Il affirme qu’un autre lycée est possible et cela suppose de penser une autre organisation des enseignements, d’autres contenus, une autre manière d’évaluer les apprentissages et surtout de rendre au baccalauréat la valeur d’un diplôme national.