La profession pensait avoir été entendue par le report des épreuves de spécialité en juin. Le message que le ministre Attal a envoyé aujourd’hui aux enseignants de lycée fait disparaître toute illusion. Il fait le choix d’ignorer les revendications des personnels pour imposer une organisation des épreuves de baccalauréat intenable et alourdir des programmes déjà infaisables: c’est ni fait ni à faire.
Tout ça pour ça ! C’était bien la peine de laisser les personnels dans l’expectative, plusieurs semaines après la rentrée pour s’entêter à appliquer sans vergogne ce qui était décidé dès le départ.
On retrouvera l’ensemble des textes réglementaires au BO du 27 septembre 2023.
La reconquête du mois de juillet
De façon inédite, les enseignants de lycée seront d’astreinte jusqu’aux jeudi 11 juillet, presque une semaine après la date du début des vacances des élèves, pour veiller au déroulement des épreuves de bac et de réunion des jurys. Les épreuves anticipées de français sont prévues le 14 juin et ensuite, on entre dans un tunnel ininterrompu d’épreuves avec la philo le 18 juin, les épreuves de spécialité, les 19, 20 et 21, le grand oral du 24 juin au 3 juillet, en même temps que les oraux des épreuves anticipées de français. A tout cela s’ajoutent les épreuves de compétences expérimentales du 4 au 7 juin, et les épreuves orales et pratiques dont le calendrier est fixé au niveau académique. Même si la note de service précise que les enseignants de lettres et de philosophie sont dispensés de surveillance des épreuves, on voit mal comment, dans un calendrier si contraint, il sera possible de tenir les délais, de faire un travail de qualité sans y perdre sa santé et sa motivation. Au passage, il ne manque qu’un épisode caniculaire, hélas , plus que probable, pour achever élèves et enseignants dans des locaux totalement inadaptés aux conséquences du changement climatique.
Le ministère considère bien mal le métier enseignant pour institutionnaliser ainsi la maltraitance de ses personnels et de leurs élèves.
Que penser encore de l’annonce des stages obligatoires pour les élèves de Seconde dans la seconde quinzaine de juin? Qui pour encadrer et suivre les stagiaires ? On peut aussi s’interroger sur le calendrier de conseils de classe de Seconde prévus sans lien avec le calendrier des procédures d’affectation en Première.
Des programmes d’examen irresponsables et alourdis
Alors que le ministre se félicite d’avoir consulté les représentants des personnels, il poursuit une méthode bien connue de la rue de Grenelle, celle d’ignorer toute revendication qui améliorerait les conditions de travail des enseignants et d’apprentissage des élèves. Il fait le choix de maintenir des programmes si lourds qu’ils sont pour la plupart infaisables à moins d’abandonner la majorité des élèves à leurs difficultés. Pire encore, pour l’ensemble des spécialités, il est ajouté que les notions de programme de Première peuvent être mobilisées dans le cadre des épreuves de spécialité de Terminale dès cette session.
Le SNES-FSU prend acte de l’aménagement des modalités du Grand oral. Il s’étonne de voir ainsi pérenniser l’absence de support à la présentation orale de la première partie de l’épreuve. Cela ne correspond à rien et disqualifie de fait les enseignements, en particulier technologiques.
A lire le ministre et les déclinaisons réglementaires de son discours, on comprend à quel point les réformes du bac et du lycée ont créé un monstre. C’est une machine infernale pour briser tout projet de formation cohérente et d’émancipation par les savoirs.
Le SNES-FSU demande la remise à plat de l’organisation des enseignements et des épreuves de bac. Un autre lycée est possible, à nous de l’imposer !
Dans l’immédiat, le SNES-FSU prend la mesure des attaques ministérielles contre les personnels, et se mandatera en conséquence.