Situation générale
Depuis 2 mois, la France traverse une crise inédite. Impulsée par le président de la république, le gouvernement mène une politique économique creusant les inégalités. La question du pouvoir d’achat et de la justice fiscale ont été en tout premier lieu le moteur du mouvement des gilets jaunes. Emmanuel Macron qui se voulait un président ni de droite ni de gauche et qui avait axé sa campagne sur les réseaux sociaux se trouve confronté à un mouvement social qui est de droite et de gauche, qui utilise les mêmes réseaux sociaux pour s’imposer. Le président paye ainsi non seulement sa politique favorisant ses amis – les premiers de cordée- mais aussi son arrogance. Le dénigrement, depuis son élection, des corps intermédiaires, et plus particulièrement des organisations syndicales, lui rend la tâche encore plus difficile pour entamer un dialogue social. L’organisation d’un grand débat national est déjà malmenée avant d’avoir débutée. La montée en puissance de la violence dans les manifestations depuis décembre risque de perdurer, d’autant que la politique de répression, renforcée par des projets de lois sécuritaires et la communication partiale des grands médias l’attisent. Les propos de Luc Ferry demandant que la police tire sur les manifestants sont totalement irresponsables, dans ce contexte. Toute violence est inacceptable mais celle exercée aujourd’hui par les forces de l’ordre contre les manifestants est dangereuse pour la démocratie.
Les réponses apportées sur le pouvoir d’achat sont insuffisantes (taxe carburant, CSG sur les retraites) voire dangereuses pour les services publics. L’augmentation, inférieure à l’inflation, du salaire minimum et des pensions va encore baisser le pouvoir d’achat. Le gel du point d’indice dans la fonction publique a déjà des conséquences qui ne peuvent plus être masquées.
Le budget de la fonction publique sera impacté par l’obstination à ne pas rétablir l’ISF, à recréer les heures supplémentaires défiscalisées, en se privant de recettes. Des emplois de fonctionnaires seront supprimés, des territoires seront davantage oubliés, des pans entiers de services publics seront abandonnés. Dans le même temps, les dividendes des actionnaires ont scandaleusement augmenté de 12 % sur l’année écoulée. Dans ce contexte, le retard dans la mise en œuvre de la réforme de la Fonction publique ne doit pas être regardé comme un recul ; un durcissement de la politique contre les statuts de la fonction publique, les services publics et les agents est au contraire à redouter.
Dans ce contexte de crise sociale aigüe, le président de la république et le gouvernement entendent poursuivre les réformes, celle des retraites, celle de l’Etat notamment.Le Snes avec la Fsu doit œuvrer à la construction d’actions d’ampleur pour s’opposer à la politique libérale menée par l’oligarchie au pouvoir.
Devant la popularité certaine du mouvement des « gilets jaunes » et autres « stylos rouges »,le mouvement syndical doit s’interroger. Le fait que ces mouvements, suivis par des non syndiqués (mais aussi par des syndiqués) reprennent principalement les revendications que nous portons depuis longtemps- en faveur notamment des services publics- montre que nous avons su convaincre. Nos méthodes, nos modalités d’action, nos outils de communication méritent sans doute d’être repensés. Comment redonner la confiance dans la représentativité syndicale, y compris dans notre champ de syndicalisation ? Quels lieux et modalités d’expression pour se faire pleinement entendre de ceux qui partagent, jusqu’à un certain point, des sujets de colère avec nous ? Sans doute le mal est profond et a rapport à une crise des institutions, de la représentativité. A nous, au sein du SNES et de la FSU, à mener la réflexion sur nos pratiques mais aussi à mettre en avant nos positions, nos revendications, notre expérience afin que de cette crise puisse renaître un vrai élan de démocratie sociale.
Dans l’éducation
Face à l’Ecole de la confiance affichée, la défiance est d’actualité. La FSU a initié une pétition contre l’article1 du projet de loi « école de la confiance ». Cet article vise à transformer notre obligation de réserve d’origine jurisprudentielle en une obligation légale d’exemplarité qui risque d’entamer la liberté d’expression du fonctionnaire-citoyen. Nous appelons à signer et faire signer massivement cette pétition.
La préparation de la rentrée 2019 se précise. La présentation qui a été faite au comité technique ministériel a déjà démontré l’insuffisance des moyens et l’enfumage pour camoufler la douloureuse vérité.
Dans l’académie, la tâche sera rude en instances. Si le taux de participation aux élections professionnelles a augmenté et que nous en sortons renforcés, les conditions d’un véritable dialogue social sont loin d’être réunies, comme en témoigne l’absence de réponses à nos questions en séances, réponses pourtant scandaleusement publiées en ligne sans discussion préalable (cartes des spécialités, cartes des langues). Les informations sont communiquées aux chefs d’établissement mais les organisations syndicales sont tenues à l’écart, méprisées par le rectorat !
Le projet de budget académique nous a été communiqué : c’est une suppression de 140,6 équivalents temps plein. La compensation en HSA pour 51,5 ETP est un leurre. Chaque année, l’objectif budgétaire en terme d’HSA est loin d’être réalisé. Avec moins d’emplois donc moins de collègues susceptibles de faire des HSA, la prévision n’a aucune chance d’aboutir. Ce qui ne manque pas d’audace, c’est de nous rappeler que le choix opéré est de donner du pouvoir d’achat aux enseignants en substituant à des heures postes des heures supplémentaires défiscalisées. Le retour du « travailler plus pour gagner plus » montre, une fois de plus, que ce gouvernement est bien de droite. Parier sur la baisse de pouvoir d’achat des enseignants pour les contraindre à faire plus d’HSA, c’est nier la fatigue accumulée, l’accroissement des difficultés du métier, c’est donner un signal supplémentaire de mépris.
La mise en place de la réforme du lycée est actuellement discutée dans les établissements, selon des modalités de dialogue totalement différentes d’un lycée à l’autre. Quand certains se préparent à former des « menus » de spécialités, à coup de « triplettes », d’autres laissent les élèves libres d’associer les spécialités à leur guise. On est donc dans le plus grand flou. Et pourtant les professeurs principaux de seconde, les Psy-En sont, avec les familles, sollicités sur cette question urgente. On peut craindre que les collèges paieront aussi un lourd tribut en terme de postes.
Une mobilisation forte des collègues sera nécessaire pour faire bouger les lignes.
Le projet de fusion des académies de Bordeaux, Limoges et Poitiers devrait nous être présenté en janvier 2019. Il touchera de plein fouet les personnels administratifs dans leurs emplois et leurs conditions de travail, mais aussi l’organisation du travail syndical sur les comités techniques. Nos trois académies ont des fonctionnements différents : comment « l’harmonisation » se fera-t-elle ? Pour l’instant aucune piste ne nous a été communiquée.
Actions
- Heures d’informations syndicales jeudi 17 Janvier relayées dans la presse avec l’appui des sections départementales.
- Multiplier et communiquer autour des actions locales menées contre la réforme du lycée et les suppressions de postes
- Journée d’action nationaleet de grève inter-syndicale le jeudi 24 janvier, en appelant les usagers à soutenir notre contestation
- Campagne de refus des heures supplémentaires.
- Agir en CA sur la carte des spécialités et options en lycée.
- Informer les parents d’ élèves, rencontrer les fédérations de parents d’élèves, distribution de tracts
- Vote contre les répartitions des DGH et suppressions de postes dans les lycées et les collèges.
- Appel des actifs à rejoindre les cortèges des retraités le jeudi 31 janvier
- Participer au grand débat national sous la forme d’une expression que les militants porteront dans les débats organisés localement.
- Parce que la convergence des revendications est faite, travailler à la convergence des actions chaque fois que cela est possible avec les méthodes, mandats qui sont les nôtres et forts de la légitimité que nous ont donnée les récentes élections