Après s’être attaqué à la ruralité, c’est le chantier de la mixité sociale sur l’agglomération d’Angoulême que le Conseil départemental de la Charente a ouvert depuis maintenant quinze jours.

Il s’agirait de travailler, et de toute urgence, à créer de la mixité dans les collèges. Deux leviers sont ici proposés : l’enrichissement de l’offre de formation ( et là on se dit : « pourquoi ne pas y avoir pensé avant ?! ») et la création de secteurs multi-collèges (comprenons « assouplissement des règles d’affectation des élèves »).

Un premier CDEN avait été convoqué sur la question le lundi 12 Mars. Les organisations syndicales, la FSU-Cgt éduc’action en particulier, avaient dénoncé fermement ce projet précipité et mal ficelé : pourquoi, en effet, s’il s’agit de relancer la mixité des publics, écarter d’emblée les collèges J Verne et P Mendès France de ce projet ? Devant l’hostilité unanime des organisations syndicales, le Département n’avait pas pu soumettre son projet au vote.

Alors – parce que telle semble être la conception de la démocratie en Charente- un second CDEN a été convoqué ce jour à 9h pour examiner le même projet. A une nuance près : le collège P Mendès France de Soyaux fait bien partie maintenant de l’un des secteurs ! Mais pour le reste, rien n’a changé : toujours pas de J Verne dans l’équation et toujours la même précipitation à vouloir appliquer ce que certains départements, plus avisés, ont mis parfois des années à penser et finaliser.

Rappelons qu’il s’agit ici de mettre en œuvre, dès la rentrée 2018, un projet présenté depuis quinze jours et qui n’a jamais été discuté.

Aussi, nous ne pouvons qu’être méfiants ici !

Derrière les intentions affichées de la majorité départementale, nous ne pouvons nous empêcher de voir le risque de la disparition de l’éducation prioritaire et des moyens qui lui sont accordés, le risque même de « vider » tel ou tel établissement en laissant le soin aux familles de le faire, au prétexte de liberté de choix !

Si la mixité sociale est un enjeu important auquel nous sommes évidemment très attachés, elle suppose, pour être réussie, une réflexion bien davantage poussée, de la concertation avec les acteurs de l’éducation, des moyens à la hauteur des ambitions. Ici il est question d’une expérimentation qui donnera lieu à une évaluation (mais les contours de cette évaluation ne sont pas définis), le conseil départemental admettant même n’avoir aucune certitude quant à l’efficacité et la réussite de son protocole. Et pourtant il s’agit ici d’éducation et de l’avenir d’une partie de la jeunesse de notre département ! Chacun appréciera !

Ce projet a été soumis au vote. 9 Contre ; 4 POUR (ceux des élus de la majorité départementale).

Les représentants FSU-Cgt éduc’action ont bien sûr voté « contre », avec le Sgen, l’Unsa, les parents d’élèves et un élu de l’opposition. Comme à son habitude, FO n’a pas pris part au vote. La décision reviendra maintenant à l’Assemblée départementale qui se réunira le 4 avril sur cette question.

 

Pour les représentants Fsu/ Cgt éduc’action

Alain Héraud

Christelle Fontaine

(1)

Secteur Ouest : Collèges de Saint-Michel, Michèle Pallet, Anatole France et Pierre Bodet à Angoulême.

Secteur Est : Collèges Romain Rolland et Pierre Mendès France à Soyaux et Marguerite de Valois et Jules Michelet à Angoulême.