Mardi 8 octobre, devant un parterre bien garni de chefs d’établissements, IPR, DASEN, en présence de la Rectrice, de quelques parents, de représentants syndicaux, des responsables des services rectoraux concernés, le secrétaire général M Diaz a, comme à son habitude, assuré le « service après-vente » de la réforme Blanquer. Ce concert d’éloges à une « réforme de tous les possibles », de la « liberté de l’élève » a duré 2 heures, 2 heures durant lesquelles on a entendu toutefois quelques légers bémols de la bouche même des chefs d’établissements, des questionnements inquiets de la part des parents d’élèves, de sévères réserves des représentants de la FSU et de la CGT Educ’action en particulier.
Les chefs d’établissements en effet reconnaissent l’éclatement du groupe classe : en moyenne, il faut compter 33 intervenants par classe de Première générale : d’où le problème des conseils de classe ! Ils reconnaissent également avoir de plus en plus de difficultés à trouver des professeurs principaux !L’action de refus entreprise ici ou là a laissé des traces !Méfions nous pourtant des idées saugrenues qui ne manquent pas de naître ! Ils semblent enfin trouver que leur part de travail est considérablement accrue par cette réforme, avec la perspective de la dématérialisation des copies qui se fera par le biais des scanners livrés à l’ensemble (ou presque) des établissements à ce jour. Pour beaucoup, ils ont déjà sacrifié une partie de leurs vacances à l’organisation des emplois du temps ; ce qui leur vaudra les remerciements appuyés de leur corps d’inspection !
Photographie des spécialités et autres…
Où l’on découvre-sans surprise- que 25% des élèves ont choisi la « triplette » math-sc physiques-svt, alors qu’une autre partie significative a reconstitué l’offre de formation de la série ES ( avec la possibilité ici de retrouver un enseignement de langues). Les chiffres académiques sont assez conformes à ce qui se passe au niveau national. Conformément aux engagements pris, il ne devrait pas y avoir d’évolution significative de la carte des spécialités cette année.
Les combinaisons possibles s’élèvent à 58-55 pour certains établissements, ceux dont l’offre est la plus diversifiée notamment.
Sans surprise, et c’est bien là tout le problème, les spécialités rares n’ont pas accueilli forcément des élèves venant d’autres établissements. On admet que le flux n’a pas été significatif. Un chef d’établissement fait valoir qu’en milieu urbain la tension sur les internats interdit les mouvements. Et la liberté prend déjà un sérieux coup !
A notre question de l’impact de la réforme sur la voie technologique- significatif quand il s’agit de la STI2D par ex-, de l’impact sur les LVR, nous n’obtiendrons pas de réponse.
L’enjeu crucial de l’orientation :
Chacun convient que les réformes en cours portent au premier plan cette question de l’orientation. Nous faisons alors valoir notre incompréhension du projet de démantèlement du service public d’orientation qui se joue actuellement…
On apprend qu’une journée de stage devrait avoir lieu prochainement, sous la direction des DCIO et des IPR, pour aider à l’organisation des 54h, en partant de l’existant.. On apprend surtout qu’il serait irresponsable de générer de l’anxiété chez l’élève et chez les familles sur ces questions de parcours. Il n’y a pas d’impasse, pas de passage obligé, au contraire de l’ouverture, si nous comprenons bien. Le « oui-si » pratiqué par les universités ouvre les perspectives…
Et le meilleur vient quand la démonstration nous est faite que les savoirs sont moins requis aujourd’hui, que l’on valorisera davantage les compétences psycho-sociales, la compétence « apprendre à apprendre » : on y est !! Comment y croire ? Sans doute un des meilleurs moments de cette « comédie humaine »…
Quant aux examens…quelques mises au point bien utiles, mais tant d’incertitudes encore !
Banque de sujets : un léger retard ! Elle ne sera accessible qu’à partir du mois de décembre ( au cas où vous auriez le souci de préparer vos élèves à ce qui les attend..). D’ailleurs, que tous ceux qui s’inquiètent de fuites de sujets se rassurent : la banque étant publique, il n’y a pas lieu de parler de « fuites » (c’est sans doute tout le système qui fuit) !
Calendrier :
1ère série d’E3C : le retour aux élèves étant prévu autour du 13 mars, il est préconisé que les épreuves ne se tiennent pas avant le 20 janvier ( harmonisation académique avant les vacances de février)
Deuxième série : remontée autour du 12 juin, épreuves au plus tôt le 15 avril.
C’est au mois de Mars environ que l’élève se détermine pour la spécialité qu’il abandonne (on taira ici le moment cocasse où nos interlocuteurs s’offusquent de l’utilisation du terme « renoncement »).
Une commission académique d’harmonisation siègera pour les 3 sessions d’E3C.
Les notes harmonisées n’auront pas de caractère définitif puisque le jury reste souverain.
En Terminale, l’évaluation des spécialités se fera bien en mars! Ce que cela signifie en terme d’amputation du temps de formation, de complexité à gérer la fin d’année avec des élèves qui auront été évalués, personne ne semble y penser !
Pour les élèves qui n’obtiendraient pas le bac cette année, des mesures transitoires sont prévues.
La DGESCO préconise que les équipes proposent 3 sujets, pour chaque session. Le chef d’établissement détermine ensuite le sujet de passation et le sujet de réserve. La doyenne des IPR qui intervient sur ce point reconnaît la nécessité qu’il y a à accorder du temps aux équipes ( mise au point du barème, harmonisation de la correction, correction en « loges »..)
La question de la rémunération ne trouvera pas de réponse ici…et sans notre insistance, ce « chapitre » n’aurait pas donné lieu à discussion !
C’est autour de nombreux remerciements, à l’adresse surtout des chefs d’établissements, que la séance se termine. Notons cependant que la Rectrice aura la délicatesse de remercier tout un chacun, en mentionnant aussi les enseignants « en première ligne dans la mise en œuvre de cette réforme ».
Intention louable qui n’enlève rien au sentiment qui est le nôtre que, par delà son impréparation irresponsable, cette réforme est sans doute la pire qui soit en matière d’égalité d’accès à la formation, la pire aussi en termes de conditions de travail pour les équipes. Restons mobilisés ! Poursuivons avec le Snes-Fsu la bataille pour garder au bac son caractère national et dans l’immédiat, demandons le report de la première session d’E3C.
Soyons vigilants ! La mise en place de cette réforme au niveau de la terminale s’annonce bien cruelle si on en juge au budget 2020 qui prévoit la suppression de 1000 postes en lycées au niveau national.