Un droit à la promotion pour tous…..

En l’absence de revalorisation des carrières et des salaires, la perspective d’une promotion à la hors classe représente souvent pour les collègues, en particulier ceux qui sont proches de la retraite, le seul espoir de revalorisation. Selon la FSU, l’accès au grade de la hors classe doit donc être garanti à tous, à commencer par les plus avancés dans la carrière, les seuls d’ailleurs à en tirer un véritable bénéfice financier.

Les interventions du SNES-FSU ont permis des avancées conséquentes de la note de service cette année. Il est clairement écrit aujourd’hui que « tous les professeurs agrégés dont la valeur professionnelle est reconnue ont vocation à bénéficier de cet avancement avant la fin de leur carrière ». La notion de « valeur professionnelle » se substitue à celle si controversée de « mérite » et il y a tout lieu de s’en réjouir ! Le barème a été revu et gomme, en partie, les écarts dus au rythme d’avancement ( ancienneté, choix et grand choix).

A Poitiers, des « 11ème échelon » qui ne sont pas évalués comme ils le devraient….

La CAPA du 2 mai s’est tenue sous la présidence de Mme Poirier, DRH et de Mme Rabaté, responsable de la DPE mais en l’absence de la Rectrice, pour qui cette capa aurait été la première et l’occasion surtout de rencontrer les commissaires paritaires. Cette absence a, comme nous pouvions le supposer, entamé les travaux de la CAPA. Il est rare en effet qu’en l’absence du Recteur, la CAPA revienne sur les avis des chefs d’établissement ou des IPR. Et comme les quelques IPR présents n’étaient pas ceux avec lesquels les problèmes étaient les plus pressants, nos interventions n’ont pas trouvé les réponses nécessaires.

Concernant le contingent des promouvables, le fait notoire est surtout la quasi absence de collègues au 11ème échelon depuis 4 ans et plus, à l’exception des collègues récemment promus au corps des agrégés par liste d’aptitude qui n’ont aucune chance d’être promus à la CAPN ( aucun promu l’an dernier et depuis plusieurs années déjà parmi les collègues agrégés depuis moins de 4 ans). Notre vivier est donc en grande partie constitué de collègues ayant récemment accédé au 11ème et de nombreux collègues au 10ème échelon, certains proches parfois de la retraite ou dont l’ancienneté dans le corps est conséquente. Nos interventions, qui n’ont pas abouti pour des raisons que nous expliquerons ensuite, visaient à repérer et proposer ces collègues. Mais sans succès…

Notons toutefois qu’en matière de proposés, la Rectrice s’en est tenue à des collègues du 11 ( la quasi totalité des 11ème, à l’exception des listes d’aptitude très récentes et qui n’étaient pas reclassés au 11-4) et du 10ème échelons (voir tableau ci-dessous). Mais la « règle » qu’elle s’est fixée pour attribuer l’avis « exceptionnel » ( règle qui ne correspond en rien à la note de service), qui voulait que 2 avis « Très favorable » obtenaient automatiquement un avis « exceptionnel », a produit de nouveau des injustices. Cette « règle » mécanique, à laquelle la Rectrice n’est absolument pas tenue, a conduit à disperser les avis « exceptionnel » sur des collègues au 10ème échelon là où d’autres, bien plus avancés dans la carrière, ne sont gratifiés que du « Remarquable ». Cela n’est pas acceptable, surtout lorsque l’on observe qu’un collègue, tout juste promu au 10ème échelon, avec une ancienneté de corps moindre, une note pédagogique très inférieure et un âge moins avancé, pourra, pour sa part être remonté avec un avis « exceptionnel » qui lui sera de peu de secours. En 2015 en effet, sur 2256 promotions prononcées, 1861 concernaient des collègues au 11ème contre 395 seulement au 10ème.

 

promouvables inscrits sur la liste de la rectrice avis exceptionnel
total 745 149 75
candidats du 2d degré 633 125 68
candidats du supérieur 112 24 7
candidats au 11ème échelon 77 (dont 19 par liste d’aptitude récente) 67 27 (=40,3% des 11èmes inscrits)
candidats au 10ème échelon 208 (dont 6 par liste d’aptitude récente) 82 48 (=58,5% des 10èmes inscrits)

Tableau des décisions de la rectrice suite à la CAPA du 2 mai.

La faute aux évaluateurs en amont

Le problème vient encore des avis portés en amont par les chefs d’établissement et les IPR. Nous dénonçons fermement un manque d’harmonisation des pratiques et même un « détachement » coupable de certains IPR face à cette promotion : ainsi, le traitement des listes d’aptitude et des avis qui leur sont attribués ne donnent lieu à aucune coordination, avec les inégalités que cela engendre. Nos interventions ont permis d’en corriger deux. Plus préoccupant encore, les appréciations portées ne sont pas revues et se répètent année après année, jusqu’à devenir inacceptables. Ainsi des collègues, proches de la retraite ou bien avancés dans la carrière, se trouvent « gratifiés » d’un « personnel en cours de carrière dont l’investissement répond aux attentes institutionnelles » ! Le rythme des inspections vient encore aggraver les choses et il n’est pas rare de trouver un collègue avec une ancienneté de corps conséquente, qui n’obtiendra qu’un avis « favorable » de son IPR quand la dernière inspection remonte à 2006 ou 2008 : c’est le cas surtout en lettres, SVT et dans une moindre mesure en histoire-géographie. Ajoutons que le pourcentage d’avis « très favorable », fixé par la note de service à 20%, donne lieu à une fourchette comprise entre 12% en lettres classiques ( avec pourtant des collègues au 11ème échelon) et 24% en sciences physiques. Plus que le pourcentage, c’est à la répartition de ces avis sur les 11ème échelons qu’il faut regarder et on observe alors que des disciplines comme l’anglais, les lettres, l’histoire géographie dispersent leurs avis sur des 10ème, 9ème e 8ème échelons, sans efficacité aucune, en sacrifiant la situation de collègues au 11ième échelon. Disons le : ce qui finit par agacer, c’est que certaines disciplines respectent parfaitement et la lettre et l’esprit de la note de service (c’est le cas des mathématiques par exemple, de l’ EPS aussi, des sciences physiques encore…) quand d’autres répugnent à s’y plier !

Certains collègues, particulièrement malchanceux, verront leur situation aggravée au niveau de l’établissement. Ici l’effet « microcosme » génère davantage d’inéquité encore. Comme d’habitude, on dénoncera la propension d’un grand nombre de chefs d’établissement de petits collèges à porter un avis « très favorable » à un jeune collègue au 7ème ou 8ème échelon. Certains grands lycées sont en revanche bien plus à l’étroit dans leur fourchette de 20%, a fortiori lorsque le chef d’établissement disperse ses avis ou reste en-deça du seuil autorisé. En matière de dispersion, on citera les lycées Vieljeux et Valin de la Rochelle, Merleau-Ponty à Rochefort, Jean Macé, la Venise Verte à Niort, Camille Guérin à Poitiers qui ne tiennent pas bien compte de l’ancienneté de service des collègues. D’autres établissements, sans forcément en faire bon usage d’ailleurs, décident de dépasser franchement ce seuil de 20% comme le lycée de Royan, Bellevue à Saintes, J. Macé à Niort, la palme revenant au rectorat de Poitiers affichant fièrement un 100% de « très favorable » pour les agrégés qui y sont rattachés au titre de diverses missions !

Des biais toujours plus inacceptables…

Le travail conséquent que nous avons mené pour cette capa a permis de faire apparaitre ces travers de l’évaluation. Nos nombreuses interventions en séance visaient d’ailleurs à les corriger. Mais, en l’absence de la rectrice, nos propositions n’ont pas été assez entendues. Elles visaient, conformément à nos mandats, à proposer des candidats proches de la retraite, au 10ème échelon et dont l’avancement aurait pu être empêché par une promotion à l’ancienneté, parfois liée à des retards cumulés d’inspection. Nous n’avons pas été entendus même si la majorité des syndicats présents, à l’exception du SNALC, partageaient notre vision des choses. Pire, c’est la proposition de l’administration, celle qui consistait à faire remonter dans les proposés des candidats du tout juste 10ème avec un avis « exceptionnel » et « remarquable » qui a recueilli l’assentiment de la rectrice, proposition pourtant majoritairement rejetée par les élus des personnels, mais votée par le SNALC. C’est avec une plus grande vigilance encore que nous observerons les promotions pour notre académie à la CAPN !