Vous trouverez ici résumés les points que nous avons voulu porter à l’attention du conseiller du Ministre dont il ne vous aura pas échappé qu’il avait passé un peu de temps en Charente (le jeudi 27 novembre).
Trop peu encore si on en juge que pour des personnes qui se disent attachées au dialogue social, 30 minutes seulement d’audience nous ont été accordées !
Trop peu bien sûr au regard de la situation préoccupante de l’École aujourd’hui !
Préalable : Notre attachement à la paix, notre opposition au discours guerrier et à l’investissement massif dans l’armée quand l’EN subit des saignées chaque année.
Rendre compte ici de la situation des personnels qui tiennent notre institution à bout de bras depuis trop longtemps, avec des bouts de ficelle, au risque de leur santé parfois pour des salaires et des carrières en déclassement continu.
Nous tenons à rappeler dans un premier temps notre exigence d’en finir avec les réformes.
–Réforme de la Transformation de la Fonction Publique (LTFP) : notre attachement au paritarisme. La loi de la TFP l’a piétiné avec aujourd’hui une perte de confiance des personnels dans les opérations de carrière et de mobilité.
–Réforme du « choc des savoirs » et en particulier les groupes de niveaux en sixième et 5ième : outre le rapport de l’IG, nous observons depuis le début les effets catastrophiques de cette mesure
Il faudra, une fois cette réforme abrogée, des moyens parce que oui nos élèves présentent des difficultés et ont besoin d’aide : cela passe par la diminution des effectifs de classe
– Epuisement, l’amertume des collègues de LGT qui voient la réforme Blanquer du lycée connaître des rustines chaque année depuis sa mise en œuvre . Refus des pressions sur l’évaluation au travers du PLE , lequel est instauré du fait du contrôle continu dont nous ne voulons pas.
– Réforme de la voie professionnelle (en particulier parcours en Y)
Les LP doivent rester au service des élèves ! Nous sommes attachés à la valeur émancipatrice de la formation et dénonçons ces offensives libérales contre l’école. C’est pourquoi nous demandons le retrait de ces réformes et le renforcement de la voie professionnelle sous statut scolaire.
– La LTFP, en détruisant le paritarisme, a drastiquement diminué les informations, ressentis du terrain à l’administration (hiérarchie et personnels administratifs) qui est de plus en plus éloignée de la profession.
– Le mal être des collègues s’est accentué (en témoigne l’explosion de la saisie du RSST pour violences reçues des élèves, parents, collègues) dont les racines sont à chercher dans la multiplication des injonctions contradictoires éloignées des besoins de la profession, qui plus est dans un territoire très défavorisé (IPS départemental public inférieur à 100 points, avec des territoires urbains et ruraux très défavorisés -1 REP rural). Les directrices et directeurs d’école sont étouffés, assommés par l’empilement des tâches administratives à exécuter (et pour rappel, 48,6 % des directrices assument leur fonction sans décharge hebdomadaire)
– Inquiétude autour de la mise en œuvre de la réforme de la formation initiale
– Mise en œuvre de l’inclusion, statut des AESH, situation préoccupante du département au plan de le prise en charge du handicap et de la santé
La Charente enregistre un taux d’allocataires adultes de l’AAH supérieur de 5,6 points à la moyenne nationale (39,8 pour mille, contre 34,2). Nos familles sont à la fois de milieu social très modeste et confrontées au handicap (pas toujours lié). Nos élèves, alors que la MDPH a des critères très exigeants, ont des notifications en structures adaptées non honorées, faute de places. Ce manquement a des conséquences insupportables sur les classes ordinaires les accueillant, enseignants et élèves.
Les collègues sont face à un public scolaire très complexe. Près des 2/3 des AESH sont mutualisées , largement au-delà de la moyenne nationale, nous manquons de personnels médico-sociaux : 6 psychiatres pour 100 000 personnes contre 10 en moyenne nationale. Services de soin saturés avec des listes d’attentes qui s’allongent et des perspectives de créations de places bien en deçà des réels besoins dans le médico-social (ITEP notamment).
Equipes Rased incomplètes, sans PsyEN pour certains secteurs, avec des zones à couvrir de plus en plus vastes pour les PE ADR alors que les troubles du comportement explosent dans de nombreuses écoles.
Quel projet pour une Ecole inclusive qui prend vraiment en compte les besoins des élèves porteurs de handicap, à besoins particuliers, en difficultés scolaires sans impacter les conditions de travail des personnels (enseignants, PE, AESH, directeur.rices) ?
Le constat est affligeant : des enseignants non réellement formés aux problématiques d’inclusion ni au repérage des violences intrafamiliales.
Des AESH trop peu formé.es, à temps plus que partiel imposé, précarisé.es par des emploi du temps morcelés, dont les déplacements ne sont pas pris en compte, sans statut et mal rémunéré.es.
Dans notre département , Les AESH sont de + en + souvent contraint.es de demander des secours à la CDAS (la moitié des dossiers mensuels ) la mise en place des PIAL a ajouté à cette précarité salariale l’insécurité de la situation de travail avec souvent des emplois du temps hebdomadaires voire journaliers.
Salaires, rémunérations, carrière , statut et contractualisation galopante
Il y a peu le premier degré ne connaissait pas le problème de la précarité des personnels ; c’est le cas aujourd’hui
Le second degré connaît un taux autour de 15 % de contractuels chaque année
Ces contractuel.les sont difficiles à trouver dans certaines disciplines ( déplacements, contrat à faible heure…) et toujours pas de cadre national de rémunération !
Notre académie souffre d’année en année de suppressions d’emplois dans le second degré sans commune mesure avec la baisse démographique
– 75 emplois en R24 ; – 85 emplois en R25 ;- 25 emplois en R23
Rappelons qu’en 8 années de présidence d’E Macron il a été supprimé 8800 emplois dans le second degré en particulier alors que + 8000 élèves
Idem pour les personnels de vie scolaire alors que nous connaissons depuis 2 ans, des pb de sécurité dans certains internats faute de remplacement
Crise de recrutement qui perdure en lien avec les conditions de travail
Côté salaires,
- gel du point d’indice, carrières non revues avec aplatissement et paupérisation des milieux de carrière , pourcentage de promotions insuffisants , fin de la GIPA
- Un·e certifié·e au 7° échelon de la hors-classe a en 2025 le pouvoir d’achat du 8° échelon de la classe normale de 1995.
- Perte du pouvoir d’achat du point d’indice entre 2017 et 2025 : 14 %
- Focus sur classe ex : exigence d’un barème et aussi de revoir de manière conséquente les pourcentages de promotion très inégaux selon les corps ! 9 % chez les certifiés etc.
– Réforme des retraites et fins de carrière
En conseil médical dès à présent les situations de retraite pour invalidité se multiplient
=> nous alertons sur l’ approche d’ un « Himalaya » d’arrêts de maladie, accidents du travail, maladies professionnelles pour finir en invalidité sans aucune stratégie de reclassement
– Médecine du travail et santé des personnels
Nous subissons la carence de Médecins de prévention
Par ailleurs, vraie difficulté à faire reconnaître ici comme ailleurs l’accident en rapport avec le travail : vrai parcours du combattant pour les collègues
– Carte scolaire, accès au service public d’éducation, implantation d’écoles et EPLE hors contrat
Nous avons besoin de plus d’enseignant.es, pour enseigner convenablement auprès de l’ensemble des élèves dans leur diversité, diversité qui fait la richesse de notre société. La baisse démographique doit être un levier pour conserver un maillage d’écoles rurales à proximité des familles et les postes hors classes à destination des élèves les plus fragiles. A ce titre, nous demandons au ministre de bien vouloir stopper le projet de notre Dasen qui se targue de créativité et d’être précurseur en souhaitant supprimer les interventions des enseignants référents Enfants du voyages et les classes d’UPE2A, alors que l’on sait que les élèves au parcours migratoire traumatisant ont besoin de se reconstruire au sein d’une classe sécurisante. Les collègues en classe ordinaire devraient gérer des élèves aux besoins multiples, sans formation … Ce projet aurait des conséquences dramatiques sur nos collègues et l’ensemble de leurs élèves.
Augmenter les classes de TPS en milieu urbain, mais également dans les zones rurales dépourvues de crèches et regroupement d’assistantes maternelles.
Former davantage d’enseignant.es spécialisés pour les RASED, les ULIS, UPE2A. Pour développer le co-enseignement et le travail d’équipe pluri-disciplinaire à même de réduire les inégalités scolaires.
La dégradation du tissu des services publics notamment des écoles profite au développement des écoles privées qui fleurissent un peu partout en Charente !Avec des motivations politiques que nous combattons quand il s’agit du réseau d’influence de M Stérin.
Si nous devions ne retenir que quelques éléments
- maintenir les emplois afin d’accéder à des taux d’encadrement plus favorables pour les apprentissages des élèves
- aller au-delà de l’affichage en matière d’école inclusive en respectant les AESH= les rémunérer comme il se doit, permettre d’accéder à des emplois temps plein et accorder un statut de catégorie B
- respecter les personnels enseignants, vie scolaire, administratifs, médicaux, sociaux techniques etc … en les rémunérant à hauteur des missions qu’ils assurent, en leur garantissant des conditions satisfaisantes d’exercice des métiers, en leur accordant la confiance qu’on leur doit, la santé
- faire cesser la précarité dans notre institution parce que le service public mérite mieux que cela