Une impréparation irresponsable !

On ne connait toujours pas le contenu et les attendus de l’épreuve du grand oral, pourtant présentée comme l’innovation majeure de ce nouveau bac. Quant aux épreuves communes de contrôle continu, on peut en mesurer désormais le degré extrême d’improvisation. A quelques jours de la première session d’E3C, l’organisation locale de l’examen apparait comme fluctuante et soumise aux aléas d’une banque nationale de sujets dont la forme comme le fond laissent perplexe. Stop !

Depuis des mois, le Snes-Fsu demande la suppression de la première session d’E3C !Si les proviseurs ont fait savoir qu’ils craignaient de ne pas être en mesure d’en mener à bien la mise en oeuvre , la FCPE demande un « ajournement » de la passation des épreuves tant que toutes les conditions pour la réussite des élèves ne sont pas garanties. Qui veut encore des E3C à part le ministre ?

Le SNES-FSU appelle à empêcher la mise en œuvre des E3C et à refuser collectivement de choisir les sujets, de surveiller et de corriger les épreuves.
En attendant, il appelle à signer et faire signer la pétition 
ICI

Pensez aussi à informer immédiatement le s3 à s3poi@snes.edu de toute irrégularité, de tout problème dans l’organisation de ces E3C si elles devaient se tenir dans votre établissement.

Pourquoi refuser les E3C ? 
Au-delà de l’improvisation et de la précipitation de la mise en oeuvre de la réforme du lycée et du bac, on constate avec stupéfaction que les
principes élémentaires de la préparation et de l’évaluation pour des épreuves d’un examen national, sont systématiquement bafoués. A elle seule, la banque nationale des sujets concentre tous les maux d’une réforme marquée par la désinvolture et, il faut bien le dire, une forme de mépris pour le métier enseignant.
La banque nationale de sujets était présentée comme le gage officiel de l’égalité de traitement entre les candidats pour les épreuves communes de contrôle continu. Qu’en est-il en réalité ?
Le 15 novembre dernier sur France Info, le ministre de l’Education nationale osait un « nous sommes prêts » concernant la mise en oeuvre des épreuves communes de contrôle continu (E3C) et ajoutant au passage que « tout un chacun » pourrait vérifier au 1er décembre la qualité de la banque nationale de sujets (BNS). En fait, il a fallu attendre une semaine supplémentaire pour découvrir les sujets, parfois bien davantage pour l’enseignement agricole ou les lycées français à l’étranger.

Institutionnalisation de la fraude :
Initialement prévu pour être ouvert à tous,
l’accès à la BNS est finalement restreint au proviseur et aux enseignants que ce dernier habilite. Comment comprendre alors l’absence de sécurité dans la conception des sujets comme dans leur diffusion ? Tout est téléchargeable n’importe comment et donc diffusable à n’importe qui. Depuis le 10 décembre, les sujets circulent sur les réseaux sociaux. Si le ministère avait voulu lui-même organiser les fuites, il ne s’y serait pas pris autrement. Dans ce cadre, quel sens donner au projet de décret qui établit une procédure « plus légère » (sic) pour la gestion de la fraude aux E3C, sans passer par la commission de discipline du baccalauréat ? Comment faut-il apprécier l’ironie qui consiste à concevoir des textes de lutte contre la fraude aux examens et en particulier quand il s’agit des E3C, alors que le ministère recommande expressément aux proviseurs de ne pas installer les salles en mode examen ou de ne pas mettre plus d’un surveillant par salle ?

Sujets à caution
D’une matière à l’autre les sujets sont de qualité souvent discutable et surtout inégale. Visiblement, la procédure de vérification, si tant est qu’elle ait existé, a aussi été très légère. Beaucoup d’erreurs dans les sujets de mathématiques, mais surtout une absence de rigueur généralisée quant au respect des droits d’auteurs ou de la neutralité commerciale. Face à cette situation où l’absence de diversité dans les sujets le dispute à l’indigence, les inspecteurs pédagogiques en sont maintenant réduits à transgresser la règle officielle et à recommander la modification de sujets, contraints et forcés par le choix réduit des possibilités. Que faire enfin face à des
défauts majeurs de conception comme en maths où des parties entières de sujets de la voie technologique sont hors programme ? Des inspecteurs ont conseillé de neutraliser certains exercices pour l’évaluation et ainsi maintenir l’illusion du sujet traité dans son entier.

Grand flou autour des modalités de correction
Toutes les corrections doivent en théorie être dématérialisées. Comment seront organisées les corrections ? Chaque chef d’établissement devra superviser à la fois le scannage des copies, l’anonymisation et la répartition entre des correcteurs qu’il aura lui-même choisis. Quid des conditions de corrections ? des conditions de travail ? Matériel informatique dédié ? Décharges de cours pendant la correction ? Aucune garantie n’a été avancée par le ministère, bien au contraire. Les proviseurs sont laissés libres d’apprécier les conditions de corrections. Quid de
l’indemnité de correction promise oralement par le ministère ? Aucun texte réglementaire n’a pour l’instant été diffusé par l’administration

Quelques aménagements consentis mais…

Lundi 6 janvier, Le ministre Blanquer, enfin, sortait de sa surdité pour annoncer quelques aménagements. Ils concernent l’allègement du nombre de textes en français, l’organisation pédagogique de l’enseignement de spécialité de mathématiques (organisation en groupes de compétences) et de la spécialité anglais ( distinction envisagée entre «  anglais » et « anglais, monde contemporain ».)

En ce qui concerne l’éclatement du groupe classe ( qui risque encore de s’aggraver finalement), le sens du conseil de classe, on parle de plus en plus de conseils de spécialités, mais rien de bien défini encore. L’urgence ne se mesure pas partout de la même manière ! Quant au rôle du professeur principal…, professeur référent, les établissements rivaliseront de créativité !

S’ils résultent de la bataille que nous menons depuis le début sur ces E3C, ces aménagements ne changent pourtant pas la donne, loin de là.

Alors, reprenons notre métier en main ! Sachons dire STOP !