Difficile de ne pas perdre le Nord quand, dans une même semaine ou presque, les élu.es que nous sommes sont informé.es des mesures d’austérité pour la rentrée et informé.es de la nouvelle feuille de route RH. « RH » comme « ressources humaines » en effet et « feuille de route » comme ce qui doit guider l’action, ici de nos décideurs au rectorat de Poitiers.
Parce qu’ils et elles ont une boussole ? Une boussole autre que l’obsession qui consiste chaque année à dégager davantage d’économies sur le dos de l’Ecole, de ses usager.es et de ses agent.es ? En fait de « feuille de route », nous l’avons compris, il s’agit surtout d’un chapelet de bonnes intentions qui se fracasseront vite sur le mur des réalités et qui, en creux, formulent les lézardes de ce mur des réalités. L’expérience vécue lors de cette présentation n’en demeure pas moins une expérience de la quatrième dimension, une plongée suffocante dans la logique néo-managériale qui vampirise notre institution.
Cette feuille de route RH de l’académie décline des actions pour rendre le recrutement plus attractif, mieux accompagner les personnels pour, à la fois, les « fidéliser » et diversifier leur parcours. Il faut passer la barrière de la langue du management pour tenter de comprendre le document qui parle « d’usagents » quand, nous, nous parlons de fonctionnaires ; qui tente de nommer « absentéisme » ce qui relève de la nécessité de remplacement de personnels en congé, en arrêt ou en formation ; qui évoque la « marque employeur » quand, nous, nous parlons de « service public d’éducation ».
Le Recteur s’est montré enthousiaste sur le contenu de cette feuille de route.
Nous lui avons rappelé la réalité de la dégradation de nos conditions de travail, montré que les difficultés de recrutement sont dues au manque d’attractivité de nos rémunérations. Il a répondu que lui-même était sur le terrain et qu’il ne pouvait que constater la vitalité dans les établissements autour de projets innovants.
Bref, il nous reste bien des efforts à faire pour que soit entendue la voix des personnels, la souffrance des personnels, pour faire comprendre qu’il ne suffit pas d’écrire « plan égalité » ou « politique handicap » pour que, par le simple pouvoir des mots, cela existe. Nous avons insisté sur le besoin de financement et la déclinaison d’actions concrètes qui ne soient pas que de simples mesures de communication. Pourtant quand on demande à ce que les doutes, les vrais besoins des personnels soient entendus quand on les dote d’un nouvel outil numérique, on nous répond « enquêtes satisfaction auprès des usagers » ! Bref, si nous avons été écoutés il est moins sûr que nous ayons été compris. Peut-être est-ce un simple problème qui concerne la langue du management … peut-être est-ce un problème plus grave, qui concerne l’investissement dans le service public.