Il y avait urgence…

Après les massacres du 7, 8 et 9 janvier, les réactions officielles ont oscillé entre émotion et réponses plus construites.

Construites ? Pas tant que ça : imposer une minute de silence dès le lendemain du premier attentat, sans se préoccuper de ce qui se passerait avant ou après alors que l’urgence était pourtant là : prendre le temps de discuter, réfléchir, écouter, prendre de la distance, mais ne pas demander à tous d’être Charlie…. Bref ne pas imposer un langage binaire.

Les réponses en apparence plus construites font peur par leur indigence : restaurer l’autorité des maîtres et professeurs dans les classes, avec des protocoles tels que faire se lever les élèves à l’entrée d’un adulte dans la salle, chanter la Marseillaise – c’est à dire restaurer seulement une image de l’autorité, inutile, et difficilement transposable dans la vie hors de l’établissement. Se tenir debout, et chanter un hymne d’une seule voix, d’autres l’ont fait, à une autre époque, cela ne les a pas empêchés de massacrer leurs concitoyens.

Comment être crédible en parlant d’égalité et de fraternité quand perdurent – et il aurait fallu être sourd et aveugle depuis au moins une décennie pour ne pas le percevoir- ça et là, ” les territoires perdus de la république” évoqués dans plusieurs études et mis en évidence lors les émeutes de 2005 en banlieue, par exemple.

Autrement dit, comment demander à des enfants d’appliquer des valeurs que ceux qui ont le pouvoir ne sont pas capables de mettre en œuvre eux-mêmes alors que c’est justement ce dont ils ont la charge et ce pour quoi ils ont été élus.

Comment demander à l’école de mieux enseigner ces valeurs, quand la seule vérité qui nous saute aux yeux depuis trop longtemps est l’absence de…moyens ? C’est à dire de choses concrètes comme des heures d’enseignement, des postes, des espaces, des adultes dans les établissements. Alors que les enseignants ont besoin de temps et de formation pour faire réfléchir et réussir tous les élèves, quelle est la priorité de l’éducation nationale depuis quelques années déjà, celle qui n’est pas seulement affichée, mais pour laquelle il y a quelques moyens, la priorité des priorités ? L’équipement numérique c’est a dire la machine. La route est encore longue…