Le Ministère a présenté aux organisations syndicales ses projets de textes instituant une rémunération exceptionnelle pour les E3C en 2019-2020, dans le cadre de la mise en place du nouveau baccalauréat. Le Snes-FSU a dénoncé ce dispositif qui revient à diminuer, et dès l’année prochaine à supprimer la rémunération de la correction d’épreuves d’examen.

Les projets de textes concernant l’indemnisation des épreuves communes de contrôle continu seront présentés au Comité technique ministériel du 5 février.Le Snes-FSU en analysait les enjeux dans un précédent article (lire ici).
Du point de vue de l’administration, des indemnités sont prévues pour 2019-2020 seulement, car la situation est « exceptionnelle ». L’exception consiste à mettre en place une réforme : il faut organiser l’ancien et le nouveau baccalauréat en même temps. Pour l’année prochaine, il n’y a donc rien d’acté.

Une situation « exceptionnelle » en 2020

Le Snes-FSU a rappelé l’existence des textes réglementaires actuels : si les E3C sont des épreuves du baccalauréat, elles entrent dans le cadre des textes de 2010 et 2012 (le montant de 5 euros brut par copie est resté inchangé depuis lors).
Or le ministère, lui, choisit de modifier le texte de 2012 pour ne plus appliquer cette rémunération qu’aux épreuves terminales du baccalauréat !
Le caractère « exceptionnel » des indemnités pour la correction des E3C nous laisse dans le flou. De nouveaux textes sortiront-ils pour l’année scolaire 2020-2021 ? Le Ministère envisage-t-il que le travail supplémentaire que demande la correction (mais aussi l’entente, l’harmonisation, la conception des corrigés) ne soit plus tout rémunéré ? Quand le « ministre des professeurs » Jean-Michel Blanquer a fait du pouvoir d’achat des enseignant·es son cheval de bataille, cela semble impensable…

Un forfait de 50 euros

Le Snes-FSU dénonce la mise en place d’une indemnité forfaitaire « de 50 euros par division et par évaluation d’épreuve mentionnée à l’article 2 de l’arrêté du 16 juillet 2018 ». Le principe forfaitaire est inégalitaire car tous les lots de copies constitués au sein des lycées ne sont pas de même taille. L’expression « par division et par évaluation d’épreuve » est peu claire. Renvoie-t-elle aux lots que les correcteurs et correctrices récupèrent sur la plate-forme Santorin ?
Pour l’administration une division serait un groupe d’élèves sur un sujet donné : un lot de copies est lié à un groupe d’élèves, un même sujet et un·e enseignant·e.
L’administration affirme sans trembler que les lots inégaux ne posent pas de problème : après tout, aujourd’hui, les enseignants sont rémunérés de la même façon, en fonction de leur service d’enseignement, quel que soit le nombre d’élèves à prendre en charge. (sic)
Enfin le Ministère justifie de ne pas rémunérer les copies d’E3C comme les épreuves terminales du baccalauréat par le fait que les épreuves de contrôle continu sont de courte durée. Mais il existe déjà des épreuves du baccalauréat d’une durée aussi courte. Et surtout, il n’est pas acceptable d’ignorer le travail de concertation que l’organisation locale de l’examen rend nécessaire, et la charge que représente le fait de corriger tout en assurant cours et évaluations dans les autres classes.

Le prix du mépris

En présentant si tard des textes qui dévalorisent à ce point le travail des enseignant·es, alors que la question des indemnités est sur la table depuis dix-huit mois, le Ministère prend le risque de mettre de l’huile sur le feu de la contestation de ses réformes. Ce faisant, il prend soin de prévoir une prime elle aussi « exceptionnelle » de 500 euros pour les personnels de direction chargés de les mettre loyalement en musique.
Compte tenu du niveau inédit d’impréparation et du degré inégalé d’improvisation dans la mise en œuvre du nouveau baccalauréat, le Snes-FSU continue, lui, de demander l’annulation de la première session d’épreuves communes de contrôle continu, et la transformation de la seconde session en épreuves nationales.