La Cour des Comptes a publié son rapport « Gérer les enseignants autrement. Une réforme qui reste à faire ». Elle y égrène, comme chaque année, un certain nombre de poncifs habituels de la pensée libérale sur le travail et les missions des enseignants sans jamais faire le moindre cas des réalités d’un métier complexe et du fonctionnement des établissements.
La Cour pointe la faiblesse des remplacements des absences de courtes durée, dans le second degré. Or, plus de la moitié de ces absences sont dues à des convocations institutionnelles : participation à un jury d’examen, formation, etc. Le SNES-FSU constate que les remplacements ne sont plus assurés faute de recrutement de personnels en nombre suffisant. Au lieu de se focaliser sur les remplacements de courte durée, la Cour des comptes ferait bien de s’inquiéter de l’insuffisance de recrutements qui appauvrit de fait le vivier des remplaçants de moyenne et longue durée.
→ Ainsi, dans notre académie, il n’y a plus aucun TZR disponible un mois après la rentrée ! De l’aveu même du secrétaire général du rectorat, il y a encore « 50 à 60 » remplacements non assurés, faute de TZR et de contractuels…
Le rapport est par ailleurs truffé d’affirmations péremptoires et sans fondement autre que celui de servir un raisonnement dont la conclusion est établie à l’avance. Regretter par exemple qu’ « aucun standard ne soit défini pour évaluer les enseignants » relève de la méconnaissance d’un système qui a largement évolué. Mais la vraie critique arrive plus loin, la Cour regrettant que « l’évaluation des enseignants n’incorpore pas d’éléments tenant aux résultats des élèves » : la grande idée de l’évaluation en fonction des résultats des élèves, qui a pourtant des effets catastrophiques partout où elle est mise en œuvre, est ici recyclée.
Enfin, les recommandations phares tournent autour de l’annualisation du temps de travail et de l’extension des obligations de service aux missions de remplacement ainsi qu’à la formation continue. La Cour propose de faire travailler davantage les enseignants et de les contraindre à plus de présence dans les établissements sans jamais s’interroger sur la qualité du service qui en résulterait ; le temps de travail dépassant déjà les 40 heures hebdomadaires. Aucune prise en compte non plus des conditions réelles d’exercice : quelle est le temps de présence réel de chacun d’entre nous dans l’établissement quand on tient compte des « trous » d’emploi du temps ? Quelle prise en compte du temps passé dans les transports pour aller d’un établissement à l’autre ?
→ Dans notre académie, le nombre de collègues en service partagé sur 2 voire « établissements croit chaque année. Dans quel établissement le matériel et les locaux mis à disposition permettent aux enseignants de faire le travail de préparation et de correction pendant ces fameuses « heures de trou » ?
Au total, ce rapport est la nouvelle traduction d’une obsession à vouloir contraindre et formater le métier enseignant dans le seul but de faire des économies de court terme. La question nécessite à la fois expertise et réflexion de plus long terme sur les missions que la société souhaite assigner aux enseignants, affaire trop sérieuse pour être laissée à des hauts fonctionnaires qui raisonnent, pour les autres, en purs comptables. Une fois de plus, la seule réponse aux difficultés de nos métiers et de l’école est celle du mépris.
→ Une raison de plus de se mobiliser le 10 octobre !