L’action sociale de l’Education Nationale a le mérite d’ exister : elle permet à chaque personnel ( AESH, ASSEDU, retraité-e ou actif, professeur-e des écoles ou du second degré …) qui ferait face à une difficulté financière de faire une demande de secours (800 euros de don maximum) ou d’action santé (prise en charge de 50% du reste à charge) . Chaque département examine une fois par mois les demandes instruites par les assistantes sociales au cours de la Commission Départementale de l’Action Sociale. Malheureusement, là encore les moyens sont notoirement insuffisants.
Le principal budget du rectorat concernant les crédits de l’action sociale payés aux personnels du public termine en déficit pour l’année 2021. La dotation initiale du ministère n’a pas évolué depuis au moins 12 ans: 574 444 € immuables. La nouveauté étonnante de 2021 réside dans la conception rectorale d’un déficit: ce dernier a été artificiellement réduit par des procédés contestables.
*** Le report de paiement de prestations sur le budget 2022 pour un montant de 8 500 €; les associations à créditer devront attendre..
*** Le refus de payer deux prestations dont le rectorat a la maîtrise: «aide aux études supérieures» et «aide aux vacances familiales». Les personnels éligibles à ces prestations, qui avaient pris la peine de monter un dossier, ne verront rien venir. Ce refus de paiement lèse des familles aux revenus modestes: celles qui ont un quotient familial inférieur ou égal à 12 400 €; 150 enfants sont touchés par cette mesure injuste. La somme globale ainsi économisée atteint près de 25 000 €.
*** Les pressions sur les commissions départementales d’action sociale (C.D.A.S.) pour qu’elles limitent leur dépenses. Se placent dans ce cadre-là, les coups de rabots rectoraux sur certaines propositions de secours émanant de ces instances. Légalement, la décision ultime revient aux rectrices ou recteurs d’académie qui dans les faits, délèguent ce pouvoir aux CDAS. Poitiers est la seule académie à agir différemment.
Les représentants FSU à la commission académique d’action sociale (C.A.A.S.) ont dénoncé l’insincérité de ce bilan.
Le déficit réel du bilan financier 2021 (public) atteint près de 35 000 €, donc bien loin des 3 200 € affichés. Le rectorat de Poitiers pouvait-il s’en sortir autrement? La réponse est OUI à condition de connaître et faire appel à la réserve ministérielle de précaution.
Ce dispositif fonctionne de la manière suivante: avant d’attribuer les dotations aux académies, le ministère gèle 4% de l’enveloppe globale pour faire face justement à des situations de déficit semblables à celles de Poitiers; le montant de cette réserve de précaution voisine un million d’euros, donc plus de 32 000 € par académie. Elles n’ont pas toutes besoin d’y faire appel; Poitiers l’a fait en 2017 pour un montant de 37 000 € afin de combler un déficit de 46 000 € (les 9 000 € restants ont été résorbés en interne). Il est regrettable et surtout dommageable pour les personnels lésés, que le rectorat n’ait pas souhaité utiliser cette réserve en 2021.
La preuve est faite que le budget de l’action sociale pour les personnels alloué par le ministère à Poitiers se révèle une fois de plus insuffisant et que le rectorat ne prend pas les mesures pour en pallier les conséquences.
Bertrand LARRIEU, secrétaire de la CAAS