«Disruptif», un terme que revendique la Macronie mais qui s’applique bien mal au temps de l’Ecole. Ephémère Ministre – moins toutefois que AOC, qui n’aura oeuvré que 28 jours à l’Education nationale- Gabriel Attal a décrété une avalanche de mesures, dont celle du « choc des savoirs ». Tirant un trait sur 60 ans de démocratisation de l’Ecole, piétinant les études qui montrent depuis longtemps l’inefficacité des mesures de tri des élèves, oubliant au passage que les difficultés dans lesquelles sont pris les élèves viennent aussi des suppressions de postes-enseignants, de la diminution drastique des horaires-élèves depuis des années, il montrait déjà un rapport bien inquiétant au passé…sauf à mesurer la nostalgie qui imprègne son projet, nostalgie d’une Ecole de l’autoritarisme et de la ségrégation. Mais là encore, rien qui ne soit sain.
D’avenir, G Attal et ceux qui décident aujourd’hui n’en imaginent pas pour l’Ecole, pas même pour chaque élève ; tout juste ont-ils le temps de penser leur avenir politique en allant sur le terrain de l’extrême-droite, à coups de « choc d’autorité », d’uniforme et de SNU. En décrétant que tout élève qui n’obtiendrait pas le DNB n’accèderait pas au lycée général, technologique et même professionnel, si le projet de « prépa seconde » se confirmait, le « choc des savoirs » assigne l’élève à un destin scolaire et souvent social, au lieu de l’aider à se construire un avenir. Pour l’Ecole, ces décideurs se montrent incapables d’endiguer la crise endémique d’attractivité de nos métiers. La réforme des concours qui se dessine depuis quelques semaines se met en place dans une précipitation irresponsable. En positionnant le concours au niveau L3, cette réforme fait comme si le temps de maturation des savoirs disciplinaires était compressible. Aberrant !
Pour ce qui est de nous, personnels d’enseignement et d’éducation, l’expertise qui est la nôtre, acquise à force d’expérience nous porte à refuser depuis des mois maintenant le « choc des savoirs». Nous avons compris que l’avenir de nos métiers, de notre statut suppose de poursuivre la lutte aujourd’hui- en informant toujours et encore, en agissant dans les conseils d’administration, les formations-, demain aussi, au-delà de la rentrée s’il le faut en décidant d’actions collectives de refus. Mais il est clair que la bataille contre les mesures « choc des savoirs » se joue en grande partie maintenant. Saisissons-nous de ce kairos (en grec, le moment opportun) !
Il est toujours et encore temps en effet de lutter pour vaincre le «choc des savoirs» et garantir un avenir à l’Ecole de la République.
Il est aussi et plus que jamais temps de voter pour vaincre les idées nauséabondes et rétrogrades qui se répandent dans toute l’Europe.