Alors que l’inclusion est un sujet de société majeur, l’Éducation nationale affiche un retard en la matière. Pire : elle recule.

28 novembre 2022

L’École inclusive est présentée comme une des priorités du président de la République. Mais, sur le terrain, le manque de moyens est criant. Il est temps que l’État mette en œuvre une politique ambitieuse, à la hauteur des discours, mais surtout des enjeux que pose l’inclusion.

État des lieux

L’objectif affiché de l’inclusion est d’assurer une scolarisation de qualité à tous les élèves par « la prise en compte de leurs besoins éducatifs particuliers ». Ce projet de l’État rejoint le principe d’éducabilité pour toutes et tous, porté par le SNES-FSU qui milite pour la mise en place d’une École réellement inclusive.

Dans les établissements pourtant, les professionnel-les sont souvent confronté-es à de lourdes difficultés pour gérer les situations d’inclusion. D’où, parfois, un sentiment d’échec personnel ou une remise en question de l’inclusion en général.

Or, il faut bien identifier les causes de ces problèmes : ce sont le manque de moyens et une dégradation globale des conditions de travail qui rendent l’inclusion problématique

« On nous demande de gérer l’ingérable »

Cette phrase, qu’on entend souvent dans la bouche des professionnel-les chargé-es d’accompagner les élèves, montre toute la gravité de la situation. Les élèves, leur famille et les personnels pâtissent de ces insuffisances de moyens.

Les Psy-EN ont en charge 1 500 élèves en moyenne, souvent sur plusieurs établissements.

Les ULIS sont majoritairement dans les collèges REP et REP+ qui doivent en plus remédier aux difficultés sociales et scolaires de leur public.

On demande aux professeur·es, et souvent sans les consulter, d’appliquer des listes d’adaptations dans leurs pratiques et leurs évaluations, alors que les effectifs globaux et spécifiquement le nombre d’élèves à besoins particuliers ne cessent d’augmenter.

Les AESH (accompagnant·e d’élèves en situation de handicap) sont soumis·es à la gestion comptable des PIAL (Pôle inclusif d’accompagnement localisé) qui mutualisent (c’est-à-dire parcellisent) l’accompagnement humain, et gèrent la pénurie d’AESH, causant des situations inopérantes, voire difficilement gérables pour les adultes et les élèves.

Des UPE2A ont été créées en urgence pour accueillir les réfugié·es ukrainien-nes mais en nombre insuffisant : des allophones ont donc été envoyés prématurément dans des classes ordinaires pour libérer des places et bon nombre d’élèves ukrainien-nes ont été accueilli-es en classe ordinaire.

Le manque de dispositifs adaptés aux profils si variés des élèves à besoins particuliers, le choix de privilégier une gestion comptable afin de réduire les coûts de l’inclusion au lieu de développer les moyens humains pèsent à tous les niveaux, et de manière de plus en plus critique.

Les propositions du SNES-FSU

Nous demandons des allègements d’effectifs par classe dès qu’une situation d’inclusion se présente ;

➜ La création d’ULIS, d’UPE2A, et de dispositifs pour les EFIV (enfants de familles itinérantes et de voyageurs) et de SEGPA,

➜ L’aménagement de ces solutions dans des établissements plus favorisés afin de ne pas cumuler plusieurs natures de difficulté et de diminuer le nombre d’élèves par unités ou sections spécialisées ;

➜ La formation et le recrutement d’AESH comme titulaires de la Fonction publique ;

➜ La suppression des PIAL qui favorisent l’accompagnement mutualisé au détriment de l’accompagnement individualisé ;

➜ Des temps de concertation pour une prise en charge collective des élèves à besoins particuliers ;

➜ Le maintien de structures médico-sociales quand l’inclusion n’est pas satisfaisante pour l’élève.

AESH, stop au mépris !

La reconnaissance des missions et du rôle joué par les AESH pour une école réellement inclusive doit s’articuler autour des revendications portées elles et eux dans les mobilisations : augmenter les rémunérations de toutes et tous les AESH sur toute leur carrière.

Il est tout aussi prioritaire de leur garantir la possibilité de travailler à temps complet pour vivre dignement de leur travail, avec comme unique employeur l’Éducation nationale ou le ministère de l’Agriculture pour l’enseignement agricole public.

Tout comme de développer un programme ambitieux de formations qualifiantes initiales et continues, d’abandonner les PIAL et la politique de mutualisation des moyens. Ils servent uniquement à faire porter sur les AESH la pression induite par le manque de moyens.

Enfin, il est nécessaire de recruter des AESH pour permettre à tous les élèves en situation de handicap de bénéficier d’un accompagnement correspondant pleinement à leurs besoins, autant de revendications portées par le SNES-FSU.