Un nouveau texte réglementaire

Créée par la réforme Blanquer du baccalauréat en 2018, l’épreuve du Grand Oral n’a été formalisée dans les textes que par une note de service de février 2020. Mais, en raison des conditions d’enseignement dégradées de l’année scolaire 2020-2021, la première session, il y a un an, n’a pas eu lieu dans les conditions prévues par cette note de service. En 2021 des modalités provisoires ont été actées. Enfin, une nouvelle note de service est parue au Bulletin Officiel du 26 août 2021, remplaçant celle de 2020. C’est donc ce texte qui s’applique pour la session 2022.

Les candidat·es peuvent disposer d’un support

Il faut souligner notamment que les candidat·es peuvent disposer pour leur exposé d’un support élaboré pendant leurs vingt minutes de préparation. Ce dernier n’était pas prévu dans la définition précédente de l’épreuve, dont le mot d’ordre était de parler debout (ce qui demeure la règle pour les 5 premières minutes de l’oral) et sans note. Une règle absurde qui correspondait davantage à la volonté d’évaluer un « art oratoire » qu’à un oral attestant de savoirs et capacités acquis au cours d’une scolarité secondaire.

La place réduite des enseignements de spécialité

Pour l’entretien de 10 minutes qui suit la présentation de sa question par le/la candidat·e, le jury peut interroger « sur toute partie du programme du cycle terminal de ses enseignements de spécialité, en lien avec le premier temps de l’épreuve qui lui-même s’adosse à ces enseignements . Le jury évalue ainsi la solidité des connaissances et les capacités argumentatives du candidat. » Il n’est donc plus question de questionner le/la candidat·e sur l’ensemble du programme du cycle terminal. Évidemment, ce type d’interrogation ne peut être envisagée que si les jurys sont bien constitués de professeur·es enseignant les spécialités concernées. La première session du Grand Oral en 2021 a montré en ce domaine un grand nombre de situation incongrues voire inadmissibles, des jurys « naïfs » notamment se trouvant confrontés à des domaines qu’ils ne maîtrisaient pas du tout, y compris seuls.

Pour le SNES-FSU, s’il est important de renforcer le travail autour de l’oral, cela n’a de sens que dans la mesure où la maîtrise de l’oral est au service de l’exposition claire et fluide de connaissances précises et bien assimilées. Or, le « Grand Oral » tel qu’il est actuellement conçu s’inspire ouvertement d’épreuves du supérieur (Science Po ou l’ENA…) et n’en retient qu’une caricature formelle qui ne peut en aucun cas servir à faire avancer le travail sur l’oralité au lycée.

Neutraliser l’évaluation du projet d’orientation

Dans les 5 dernières minutes de son oral, le/la candidat·e « explique en quoi la question traitée éclaire son projet de poursuite d’études, voire son projet professionnel. Il expose les différentes étapes de la maturation de son projet (rencontres, engagements, stages, mobilité internationale, intérêt pour les enseignements communs, choix de ses spécialités, etc.) et la manière dont il souhaite le mener après le baccalauréat. » Le SNES-FSU dénonce le mélange des genres que constitue cette dernière partie du Grand Oral portant sur un projet d’orientation. Comme le bilan de la session 2021 l’a montré, ce type d’entretien revient à valoriser un « projet » surdéterminé par un environnement social, spatial, par un genre. Le SNES-FSU appelle les collègues membres des jurys à neutraliser d’une manière ou d’une autre cette dernière partie de l’épreuve dans leur évaluation du Grand Oral.