Gabriel Attal a annoncé des moyens pour la rentrée 2024 au service de son projet d’Ecole passéiste et conservateur.
Lors du CSA ministériel, Gabriel Attal a présenté les mesures pour la rentrée 2024. Alors que le budget 2024 prévoyait 484 suppressions d’emplois de professeurs dans les collèges et lycées publics (qui venaient donc s’ajouter au 8381 depuis la première rentrée préparée par un ministre d’Emmanuel Macron), le ministre de l’Education nationale s’est targué d’avoir obtenu un arbitrage de Matignon pour annuler ces suppressions d’emplois et présenter un nouveau schéma d’emplois. Pour la première fois en 7 ans, le second degré va donc connaître des créations d’emplois. Un signal positif au premier abord, mais à quoi vont servir ces nouveaux emplois ? Décryptage !
Le financement du « choc des savoirs »
Derrière les apparentes mesures de bon sens ou visant à lever des tabous qui n’en sont pas, le choc des savoirs dessine un projet d’Ecole de l’assignation sociale. Il réactive des mesures qui visent d’abord à réactiver le mythe d’une école ancrée dans une époque révolue et qui va surtout contribuer à aggraver les inégalités et le tri social. C’est notamment le cas des groupes de niveaux en français et en maths en 6eme et 5eme.
Pour financer ces groupes de niveaux, le ministre active deux leviers :
– la création de 830 emplois
– le redéploiement de 1500 emplois qui servent actuellement à la mise en place de l’heure d’approfondissement et de soutien en 6eme, dispositif qui est donc supprimé.
Au passage, le ministre ne revient pas sur la suppression de la technologie en 6eme entérinant cette décision scandaleuse prise par son prédécesseur et qui sert donc à financer ces dispositifs.
Sur les 2330 emplois supplémentaires annoncés par le ministre pour la mise en place des groupes de soutien, près de la moitié sont en réalité…du redéploiement d’un dispositif à un autre ! Quant au 830 nouveaux emplois, des questions restent en suspens sur leur financement pérenne et sur le fait qu’ils seront bien pourvus en pleine crise d’attractivité qui perdure.
150 emplois sont aussi annoncés pour l’expérimentation dès la rentrée 2024 des classes prépa lycée pour les élèves ayant échoué au DNB et qui ne pourront donc pas passer en 2de. Un dispositif qui fait du DNB un filtre vers l’une des trois voies du lycée, actant de fait une forme de renoncement à emmener et faire réussir tous les élèves au lycée général, technologique ou professionnel !
Et pour le reste ?
Ce schéma d’emplois complémentaire est très révélateur : 830 emplois pour les groupes de niveaux, 150 pour les classes prépa lycée, 50 mis en réserve…il reste alors 28 emplois pour…31 académies ! Autant dire que l’amélioration des conditions de travail et d’études (baisse des effectifs dans les classes sur tous les niveaux) ne semble pas à l’ordre du jour. Et surtout, ces créations d’emplois vont servir à financer des mesures qui vont toujours plus dégrader les conditions de travail, instaurer l’École du tri social sans répondre réellement aux problèmes que les personnels rencontrent sur le terrain…
Si le ministre a beaucoup communiqué sur les emplois destinés mettre en place les mesures phares de son projet, il a été beaucoup moins bavard sur l’état des vies scolaires. Et pour cause : aucune création d’emplois de CPE ni d’AED ! A l’heure où les vies scolaires sont sous tension, craquent faute de personnels suffisants mais aussi parce que les injonctions pleuvent de toute part, Gabriel Attal ne fait rien pour améliorer la situation. C’est d’autant plus paradoxal et scandaleux que le ministre a fait de la lutte contre le harcèlement sa priorité : comment y parvenir si les CPE et AED, souvent les premiers interlocuteurs des élèves ne sont pas plus nombreux ?
Agir pour nos conditions de travail, nos salaires et nos métiers
Encore une fois, avec ces annonces, le ministre prétend répondre aux attentes des personnels, mais en grattant le vernis, encore une fois, ce sont des mesures qui servent d’abord un projet politique plutôt que les priorités attendues par une majorité des personnels, à commencer par la baisse des effectifs sur tous les niveaux et la revalorisation salariale.
Aussi, avec la FSU, le SNES s’engage dès maintenant dans la préparation des luttes de janvier: actions locales contre des DGH rabougries, grève le 1er février pour nos salaires et nos métiers..Rendez-vous en janvier pour les luttes et… les victoires !