Tests, vaccination, protocole sanitaire, école à distance, examens…après la réunion ministérielle et la conférence de presse gouvernementale, encore beaucoup trop de flou et d’incertitudes sur cette rentrée.
Une réunion sanitaire s’est tenue avec le ministère le 22 avril en début d’après-midi, quelques heures avant la prise de parole gouvernementale, notamment du ministre de l’Éducation nationale, prévue en début de soirée.
Le Snes-FSU avait fait connaître ses exigences sanitaires et pédagogiques.
Préparer la reprise, le temps presse ! Voir notre article |
Organisation de la rentrée, vaccination, tests, fin d’année scolaire, examens…à quelques jours de la reprise des cours, il reste encore beaucoup trop de flou et les annonces ministérielles sont loin de lever toutes les inquiétudes en matière sanitaire et pédagogique.
Une communication toujours aussi chaotique
En remarque préalable, nous avons dénoncé, une nouvelle fois, la méthode gouvernementale qui consiste à faire fuiter dans la presse mercredi soir les détails du futur probable protocole sanitaire. Le cabinet du ministre assure que cela ne vient pas de la rue de Grenelle, mais qui que ce soit, cela laisse cette très désagréable impression de jeu de billards à 3 bandes qui font passer des intérêts politiciens avant les intérêts des personnels, à savoir pouvoir préparer sereinement la rentrée. C’est aussi faire bien peu de cas des discussions entamées avec les organisations syndicales qui, une nouvelle fois, découvrent les principales mesures de la rentrée dans la presse.
Cela entraîne une grande confusion alors même que les informations arrivent très tardivement : dès le lendemain de la fermeture des établissements scolaires, la FSU avait demandé que la reprise en présentiel soit anticipée. Il a pourtant fallu attendre la fin des vacances pour voir se dessiner les contours de cette nouvelle rentrée sous Covid ! Une méthode de gouvernance entre impréparation et précipitation qui a pourtant fait les preuves de son inefficacité depuis des mois…
Vaccination : il faut accélérer !
La priorité annoncée par Jean Castex la semaine dernière a tout de l’effet d’annonce. Le Snes-FSU avait déjà rappelé que la vaccination était ouverte aux plus de 55 ans depuis le 12 avril. Les conditions d’organisation de ces créneaux montrent encore une fois le degré d’impréparation de cette opération : annonces du premier ministre jeudi 15 avril, contact en catastrophe des principaux concernés le vendredi après-midi (avec parfois des informations très tardives….rendant impossible l’inscription comme ces collègues qui ont reçu un mail les informant de cette vaccination du week-end….après le week-end), circuit parallèle de vaccination…
Aucune nouvelle information sur le calendrier de vaccination des personnels n’a été donnée lors de la réunion sanitaire.
Pour le Snes-FSU, il y a urgence à élargir l’accès et la cadence de vaccination des personnels de l’Education nationale. C’est un enjeu de protection individuelle, collective, mais aussi un choix politique….que ne fait pas le gouvernement mais qui est pourtant partagé par le plus grand nombre ! Les résultats du sondage Opinion Way pour le Snes-FSU le montre : 79 % des Français estiment que les enseignants et les personnels de l’enseignement doivent être vaccinés en priorité. En suivant la stratégie vaccinale gouvernementale, l’immense majorité des personnels ne pourra être vaccinée qu’à partir de mi-juin, un calendrier “trop tardif” pour 75 % des personnes interrogées.
Le Snes-FSU demande que la vaccination soit proposée aux personnels volontaires dès maintenant.
Suite à une question posée par la FSU, le cabinet du ministre précise qu’une ASA est possible pour les personnes déjà éligibles à la vaccination et n’ayant d’autres possibilités que de se faire vacciner sur leur temps de service.
Tests
Depuis des mois, le Snes-FSU pointe le gouffre entre le discours officiel qui vante l’efficacité de la stratégie « tester, alerter, protéger » et la réalité. Chacun se souvient des déclarations ministérielles de novembre annonçant 1 million de tests par semaine, ou encore les déclarations contradictoires sur le nombre de tests proposés montrant surtout l’incapacité du gouvernement à mettre à place une stratégie efficace de tests dans l’Education nationale. Impossible d’alerter et protéger si le premier pilier, tester, n’est pas optimal.
Autotests
La Haute Autorité à la Santé a autorisé l’utilisation des autotests. Le ministère de l’Éducation nationale avait assuré qu’un travail était en cours pour redéfinir une stratégie d’ensemble de tests, incluant les autotests. Par les fuites médiatiques du mercredi soir, les personnels ont appris que les autotests devraient se faire en classe sous la supervision des professeurs, une déclaration rapportée de Jean Castex allant même jusqu’à déclarer« Cela ne sera pas facile de faire coopérer les profs » . Mais qui a vraiment pu penser qu’une telle opération pouvait se faire en classe, avec des dizaines d’élèves non masqués, en demandant à un professeur de surveiller un acte médical ?
Le Snes-FSU a rapidement dénoncé ces premières orientations sur lesquelles le ministère de l’Éducation nationale a fini par rétropédaler. Lors de la réunion ministérielle, les points suivants ont été rappelés
– tous les personnels de la communauté éducative se verront distribuer 2 autotests par semaine
– les lycéens auront 1 autotest par semaine
Pour les lycéens, le test sera fait dans les établissements scolaires, sous la supervision de personnels de santé scolaire, de « personnels volontaires », de nouveaux médiateurs pourront aussi être recrutés (après des premiers recrutements en mars pour encadrer les tests salivaires dans le 1er degré), des « partenaires extérieurs » pourront aussi être sollicités. Le travail d’organisation est en cours et devrait être prêt pour le 10 mai.
Lors de la conférence de presse gouvernementale, Jean-Michel Blanquer a précisé que « des espaces dédiés » pourraient être aménagés. Le chiffre de 64 millions d’autotests commandés a été annoncé.
Pour le Snes-FSU, les autotests sont un outil utile dans la stratégie de dépistage. S’ils sont fait dans les établissements scolaires (ce qui n’a pas la préférence du conseil scientifique qui, dans son dernier avis, a rappelé que les élèves pouvaient les faire chez eux) il faut une organisation plus cohérente qui repose sur des personnels qui ont les qualifications pour superviser ces opérations. Les personnels d’enseignement, d’éducation, les AESH ou les PsyEN ne doivent pas se voir imposer de réaliser un tel acte ! De nombreuses questions restent encore sans réponse, au-delà du lieu de réalisation de l’autotest : comment se déclenche le contact tracing ?
Le Snes-FSU interrogeait le ministère sur le déploiement de ces autotests dès la réunion du…23 mars. Force est de constater qu’en un mois cette opération cruciale n’a pas été plus anticipée que les autres.
Tests salivaires
Le gouvernement annonce 400 000 tests salivaires pour la semaine prochaine, avant de viser l’objectif de 600 000/700 000 à la mi mai. Dans l’attente de l’avis de la Haute Autorité de la Santé sur la possibilité pour les jeunes de moins de 15 ans et donc des collégiens d’utiliser les autotests, des tests salivaires pourront être déployés dans les collèges, en particulier dans ceux des zones où le virus circule activement.
Là aussi de nombreuses questions restent encore sans réponse : qui va superviser ces opérations ? Comment sont-elles organisées ? Tout le monde a en mémoire les débuts compliqués des opérations des tests salivaires dans le premier degré, il est impératif que les conditions d’organisation soient rapidement clarifiés.
On peut aussi s’interroger sur la capacité réelle de dépistage : 400 000 tests salivaires, pour le premier degré et les collèges, même sur quelques départements, cela laisse de gros trous dans la raquette…et laisse aussi de côté toutes les opérations de surveillance et de prévention dans les zones où, en apparence, le virus circule moins.
Collèges – lycées
Les collèges des 15 départements « rouges » passent en demi jauge sur les niveaux 4eme/3eme. Les niveaux 6eme/5eme ne sont pas concernés. Rien n’est prévu pour les collèges des autres départements qui restent donc à 100 %, avec un brassage important dans les classes, les couloirs, à la cantine. Encore une fois, le collège est un des grands oubliés du protocole sanitaire !
Les lycées passent tous en demi-jauge. Le ministère a rappelé que la demi-jauge s’appréciait à l’échelle d’un établissement et non pas d’une classe, ce qui ouvre la porte à des organisations très différentes d’un lycée à l’autre.
Le Snes-FSU continue de demander le passage à des demi-groupes en collège et en lycée.
Examens de fin d’année
Ce dernier trimestre va donc être, lui aussi, très largement chamboulé par la crise sanitaire. Le Snes-FSU a rappelé ses exigences pour les examens de fin d’année : aménagements du DNB, de l’EAF et neutralisation du grand oral.
Le Snes-FSU a demandé que ces questions soient rapidement abordées : il n’est pas question de revivre l’épisode usant du printemps dernier sur l’oral de français où le ministre s’est obstiné jusqu’à la fin mai à maintenir l’oral d’EAF avant de reconnaître l’évidence. Si les textes règlementaires laissent au ministre la possibilité de prendre une décision jusqu’à 15 jours avant le début de l’épreuve, il n’est pas acceptable d’attendre début juin pour que des décisions soient prises !
Le ministère n’a apporté aucune réponse à ces questions lors de la réunion et lors de la conférence de presse gouvernementale ainsi que dans le mail envoyé à la profession dans la nuit, Jean-Michel Blanquer a, au contraire, confirmé que les épreuves se tiendraient comme prévu….
Protocole sanitaire
La règle du 1 cas de Covid = fermeture de la classe est reconduite. Elle permet de casser rapidement les chaines de contamination, tout en entraînant des effets en cascade en lycée, où le groupe classe a implosé suite à la réforme du lycée.
Sur les autres points, on en reste à des recommandations. Lors de sa conférence de presse Jean-Michel Blanquer a dit « encourager les collectivités, chaque fois que cela est pertinent », à installer des capteurs CO2 et des purificateurs d’air dans les établissements scolaires ». Rappelons qu’en novembre, le même Jean-Michel Blanquer déclarait « on a fait une étude sur les purificateurs d’air et ça n’est absolument pas probant »….
Au regard de l’état des connaissances scientifiques et au bout de 7 mois de cette année scolaire, il serait temps de passer le stade des encouragements ! Plutôt que de se renvoyer la balle, quand l’État et les collectivités territoriales vont-ils prendre leurs responsabilités ? Comme l’a montré le sondage Opinion Way pour le Snes-FSU, 75 % des Français approuvent l’installation de capteurs de CO2 et de système d’aération.
Enseignement à distance, saison 3
Après le crash des ENT et de ma classe à la maison la semaine du 5 avril, dans un mauvais remake de la saison 1 au printemps 2020, le Snes-FSU est intervenu auprès du Ministère pour exiger que tout soit mis en oeuvre, aussi bien en matière de sécurité que de capacité à supporter un grand nombre de connexions simultanées.
Une réunion spécifique a été organisée par le Ministère à ce sujet : le discours s’est voulu rassurant, mettant en avant les efforts fait pour sécuriser les différents outils existants, pour redimensionner la salle d’attente de ma classe à la maison, soulignant aussi le travail engagé avec les collectivités territoriales, . Mais sur des questions très précises (quel plan B si les outils tombent une nouvelle fois par exemple), les réponses sont restées très nébuleuses.
Des fiches de bonnes pratiques ont été élaborées par le Ministère :
Dans la fiche destinée aux professeurs, on y lit par exemple qu’il faut « éviter dans la mesure du possible le créneau 8h30-9h30 » pour les cours en visio. Le Ministère semble donc aussi compter sur une adaptation des comportements des utilisateurs, la pédagogie devant s’adapter à la technique…Mais à part ça, nous sommes prêts !
Sur la situation sanitaire, voir aussi, le communiqué de la FSU : Point sanitaire du 22 avril : des inquiétudes qui persistent