Contexte général

Un an après son arrivée au pouvoir, le chef de l’État conforte sa position de président des riches. Il a avantagé la fiscalité des entreprises, réduit l’impôt sur la fortune et « en même temps » creusé les inégalités, précarisé davantage les salariés. Le pouvoir d’achat des actifs et des retraités est mis à mal avec la hausse de la CSG. La baisse de la dépense publique se fait essentiellement sur la masse salariale avec le gel du point d’indice, les suppressions d’emplois, l’arrêt des CUI, le report de mesures PPCR. Le rendez-vous salarial du 18 juin s’annonce difficile.

Emmanuel Macron affirme sa volonté de réformer à toute vitesse, en contournant les corps intermédiaires. Les ordonnances sur la loi travail en ont été la première illustration. Il tente de persuader que le statut des cheminots serait responsable du déficit de la SNCF. Le rythme imposé par le réformisme à tout prix à l’assemblée nationale nuit aux débats et atteint les fondements même de la démocratie républicaine.

Dans la fonction publique

Le rapport qui doit servir de base à une reforme de l’action publique prend du retard. Il ne sera que le prétexte pour valider l’austérité des budgets opérationnels à venir. Il ne sera publié probablement qu’en juillet, pendant les congés d’été. S’ajoute en Nouvelle Aquitaine, avec l’argument paradoxal de rapprocher les décideurs des usagers du service public, la fusion des académies de Poitiers, Limoges et Bordeaux à l’horizon 2020. La gestion du service public à cette échelle sera peut-être source d’économies mais pas d’efficacité. Des annonces devraient être faites à l’issue de la réunion des recteurs avec le ministre. Le SNES-FSU s’oppose à cette fusion.

Dans le cadre du chantier « dialogue social » de la concertation « Action Publique 2022 », le gouvernement a présenté aux organisations syndicales un projet de suppression du paritarisme afin, prétend-il, de faciliter une « déconcentration managériale » de la Fonction Publique. Le ministère entend se passer des élus du personnel en dénigrant le rôle des CAP, CT et CHSCT. C’est pourtant dans ces instances que les situations individuelles et collectives des personnels sont défendues dans le respect des droits.

L’objectif est clair : mettre à mal le statut de fonctionnaire, ouvrir la porte à l’arbitraire, détruire le paritarisme. Après le droit du travail, le statut des cheminots, c’est au tour de la Fonction Publique. 50 ans après mai 68, ce sont les droits sociaux de 1946 qui sont menacés. Aucun gouvernement, même le plus à droite n’avait osé !

Dans l’éducation

Les réformes du bac, de Parcoursup, du lycée général et technologique mais aussi de la voie professionnelle auront des conséquences sur l’emploi et les conditions de travail. Le nouveau bac prend effet à la session 2021, les modalités et mesures budgétaires seront connues dans les prochains mois. Le recteur de Poitiers met en place une commission de suivi de la réforme à laquelle les organisations syndicales des personnels ne sont pas conviées, sauf celles des chefs d’établissement ! Nous avons vivement protesté au rectorat.

Le dispositif Parcoursup qui devait résoudre les problèmes de l’orientation post-bac n’apporte pas les résultats annoncés, ce que d’ailleurs nous avions anticipé. Le miracle n’a pas eu lieu et le stress des candidats au bac est bien réel en cette période de révision.

En collège, la rentrée s’annonce une fois de plus épuisante pour les enseignants. En effet, à chaque nouveau ministre sa réforme, même si elle ne dit pas toujours son nom. A son arrivée, J-M. Blanquer avait permis des allègements de la réforme précédente, puis modifié le format d’un brevet… une fois de plus. Voilà qu’on nous annonce que plusieurs programmes vont être revus : français, mathématiques, sciences. Mais les nouveaux programmes ne seront connus que cet été pour une application en septembre ! Bonnes vacances ! Quand on connait le degré d’épuisement des collègues, on ne peut que crier au scandale. D’autant qu’il y a fort à parier que ces nouveautés ne permettront pas de faire mieux progresser les élèves, puisqu’on ne touche ni aux horaires, ni aux possibilités de dédoublement ni aux effectifs par classe, sauf pour aggraver encore la situation…

Ces réformes successives, du collège à l’université, vont dans le sens inverse de la démocratisation de l’école : sélection, réduction des savoirs, employabilité, adéquationnisme et parcours d’initiés qui profiteront aux jeunes des classes les plus aisées. Lycéens et étudiants l’ont dénoncé, en se mobilisant contre parcoursup. Ces mobilisations ont été réprimées dans plusieurs académies et n’ont pas pu devenir majoritaires. Les jeunes qui risquent de rester sans solution ou avec une affectation par défaut sont majoritairement ceux et celles des classes populaires.

La mobilisation que les Psy-EN mènent depuis des mois est exemplaire. Malgré cela, les CIO sont toujours sous la menace d’une disparition, sous couvert de régionalisation. Notre région, Nouvelle Aquitaine, est à la pointe de cette dégradation : l’expérimentation est annoncée pour la rentrée prochaine. Les atteintes sur les personnels Psy-EN et administratifs, comme sur les élèves et étudiants ne sont plus à démontrer. Pourtant, nos collègues enseignants et CPE n’ont pas tous pris la mesure de ce danger, malgré les alertes répétées lancées par le SNES-FSU dans ses diverses publications.

La Cour des Comptes a interpelé les ministres de l’EN et de l’enseignement supérieur à propos de la formation des maitres : trop chère et pas assez efficace ! Si nous pouvons partager certains éléments du constat, il est peu de dire que les « solutions » préconisées nous déplaisent. Il s’agirait de permettre l’inscription au concours avant même l’obtention de la licence : les épreuve d’admissibilité seraient passées en L3 et celles d’admission en M1 ou M2. En réalité, il ne s ‘agit pas d’améliorer la formation des maitres, comme cela est effectivement nécessaire, mais de recruter des stagiaires par contrat et ainsi d’augmenter le recrutement des contractuels, conformément aux projets de CAP 2022. Remédier à la crise du recrutement est une nécessité, mais pas à n’importe quel prix. Nous savons bien que c’est en mettant en place les conditions d’un véritable pré-recrutement de fonctionnaire, en augmentant les salaires et en améliorant les conditions d’exercice dès l’année de stage que l’on a des chances de rendre les métiers de l’éducation attractifs. Le gouvernement ne prend pas cette orientation, aussi n’avons-nous rien à espérer de sa réforme de la formation, bien au contraire. Cependant la situation actuelle des étudiants et stagiaires en ESPE est tellement dégradée que l’annonce du changement risque de faire illusion. Le SNES doit publier des propositions concrètes pour une formation des maitres digne du service public d’éducation que nous revendiquons.

Dans l’académie de Poitiers, nous observons une nette dégradation du climat des établissements et le SNES intervient régulièrement en appui des équipes ou sur des cas individuels. Si la gestion des classes est de plus en plus difficile du fait des réformes successives, c’est aussi la manière de gérer les équipes et le travail par les chefs d’établissement qui est aujourd’hui la cause principale de souffrance au travail. Les établissements en crise du fait d’un dysfonctionnement du chef d’établissement sont de plus en plus nombreux. Ce sont maintenant les personnels du rectorat qui ont à souffrir d’un management toxique, avec les conséquences qui s’ensuivent sur l’organisation des CAPA et peut-être de la rentrée. Les CHSCTD et A multiplient les enquêtes et alertes.

Entrons en résistance

Le SNES invite ses adhérents à signer et faire signer les pétitions sur le service public et le paritarismeen ligne sur site de la FSU. Les sections académique et départementales du SNES de Poitiers fourniront aux S1 de lycée un tract à distribuer dans les casiers pour mobiliser et informer sur les réformes en cours (paritarisme, lycée, bac). J-M. Blanquer soigne toujours et encore sa communication. Le SNES ne doit pas manquer d’envoyer la réplique autant que nécessaire.

Élections professionnelles :pour prouver son attachement au paritarisme tel que nous le concevons, la profession doit se mobiliser et voter massivement aux scrutins de décembre. L’action militante de terrain en sera le moteur. La participation insuffisante aux élections internes du SNES est un signal à prendre compte. Il n’est pas certain que tous les adhérents aient pris la mesure de l’importance de ces élections professionnelles, dans le contexte actuel. Le S3 et les S2 établiront une liste de « correspondants élections », pour couvrir l’ensemble des établissements de l’académie, auxquels des informations et consignes pratiques pourront être transmises au fur et à mesure de la campagne et du scrutin. Le SNES et la FSU, dans l’académie, renouvellent et amplifient leur accord avec la CGT éduc’action, en faisant des listes communes au CTA, aux CCP et aux CAPA certifiés et PLP. Nous sommes fiers de mettre ainsi en application notre mandat et de montrer qu’il n’est pas irréaliste. Pour inciter les collègues à voter à ces élections, le SNES doit mettre la lumière sur ce que notre action a permis de gagner, sur la défense individuelle comme collective. Un stage de formation militante sera organisé dans chaque département en octobre dans le cadre de la campagne électorale.

Fusion des académies :Le SNES Poitiers affirme son refus de la fusion. C’est dans un périmètre le plus large possible qu’une action coordonnée doit s’organiser, puisque ce projet de fusion des académies est national.

La Fonction Publique, y compris l’éducation n’ont pas mobilisé suffisamment le 22 mai dernier. La période des examens n’est pas des plus propices à la grève ou aux rassemblements. La fin de l’année scolaire offre pourtant des réunions dans les établissements, ainsi que les conseils d’administration qui peuvent servir d’expression envers les parents, élus et collègues pour s’indigner des projets gouvernementaux. Un modèle de motion sera fourni aux S1, ainsi qu’un tract à distribuer en lycée, pendant la période des surveillances de bac. La CA académique invite les collègues à participer à l’action interprofessionnelle du 28 juin.

La rentrée scolaire s’annonce tendue, en raison des effectifs par classe, de la crise du recrutement et surtout des réformes du lycée, du bac, de la loi ORE et des conditions d’exercice en collège. Le SNES et la FSU devront tout mettre en œuvre pour informer les collègues et construire une mobilisation d’ampleur.