Situation générale
Le gouvernement et le président de la République ont été confrontés à une crise sociale d’ampleur ces derniers mois. Les quelques réponses apportées à la crise prétendent privilégier le travail pour augmenter le pouvoir d’achat mais rien n’est avancé pour réduire la précarité et l’injustice fiscale tant décriées.Les privés d’emploi sont victimes d’un durcissement des conditions d’indemnisation du chômage, d’obtention d’un revenu minimum d’obligation de retour à l’emploi. La consolidation d’emplois par la taxation des entreprises ayant recours aux contrats courts n’est pas garantie de succès.
La défiscalisation et désocialisation des heures supplémentaires n’apportera qu’à quelques bénéficiaires une illusion d’augmentation de revenus. Elles vont mettre les régimes de sécurité sociale en déficit, contraindre à une augmentation des prélèvements sur les salaires et conduire à l’augmentation des tarifs des mutuelles. Les promesses de baisse d’impôt auront également des conséquences sur le budget de la fonction publique,au détriment des usagers et des salariés.
Il est urgent de se rappeler ce que supposent la République et l’Etat de droit : la considération permanente de l’intérêt général, le respect du droit, la vérité et la transparence, le respect des conquêtes de notre histoire, conquêtes sociales en particulier.Or aujourd’hui, les droits que l’on croyait garantis notamment par le préambule de la constitution sont régulièrement mis à mal. Force est de constater que ce gouvernement s’attaque à marche forcée à notre système social, accentuant de manière coupable la crise sociale et politique que notre pays traverse. En crispant le débat, ce gouvernement ouvre chaque jour davantage un boulevard aux forces politiques d’extrême droite. A cet égard, les résultats des élections européennes sont particulièrement inquiétants. Pourtant, on ne peut que constater une banalisation du score obtenu par le rassemblement national, dans les médias et plus généralement dans l’opinion, y compris dans le milieu enseignant. Pendant ce temps le gouvernement agit avec une précipitation irresponsable ; il use et abuse d’une communication douteuse. Il recourt à l’intimidation, à l’autoritarisme quand ce n’est pas à la violence à l’encontre de tous ceux qui osent s’opposer. Ainsi, il rompt gravement avec les fondements même de notre modèle social : à l’Ecole, à la Fonction Publique, aux conquêtes sociales avec notamment la prochaine réforme des retraites. Il instrumentalise l’écologie et la défense de la planète, qui trouvent un écho dans l’opinion publique, pour justifier des mesures fiscales et anti-sociales qui pénaliseront les demandeurs d’emploi et retraités les plus modestes.
Malgré ce tableau bien sombre de la situation sociale et politique, on ne voit pas émerger d’alternative crédible, ce qui pèse sur le mouvement social. L’unité syndicale, qui serait pourtant bien nécessaire, est impossible à réaliser. Les attaques contre la fonction publique ne pourront être contrées que grâce à un réaction forte de l’ensemble des agents et de la population. La FSU et ses syndicats n’ont pas ménagé leurs efforts pour mettre ce sujet sur le devant de la scène, sans grand succès pour l’instant.
Dans l’éducation
La préparation de rentrée se fait sous le signe de l’austérité mais aussi dans la précipitation de la mise en œuvre de la réforme du lycée.
L’accueil des élèves allophones et nouvellement arrivés sur notre territoire ne se fait pas dans des conditions dignes. L’ajout des 3 ETP à la rentrée dans l’académie ne suffira pas à combler les besoins.
Réformes Parcoursup, du lycée, du baccalauréat et de la voie professionnelle organisent une mise en concurrence des élèves, des établissements et des disciplines, un appauvrissement des parcours de formation. Notre système scolaire ne garantira plus demain l’égalité d’accès au baccalauréat, aux savoirs, à la formation, ainsi il portera gravement atteinte au droit fondamental de tout citoyen. Les contenus de formation, les cadres de l’évaluation ne sont plus des priorités de l’État. Le recteur de Poitiers est, comme le ministre, dans une posture de déni quant aux difficultés de mise en place de ces réformes. La réalité sur le terrain est tout autre : désorganisation des établissements, élèves contraints de choisir les spécialités offertes dans leur lycée et seulement celles-ci, formations aux nouveaux programmes indigentes… Les collègues commencent à peine à prendre la mesure des problèmes : la journée de grève du 17 juin a agi comme un révélateur.
La loi sur « l’Ecole de la confiance » est l’instrument d’une politique au service des nantis, le levier d’une mise au pas de la profession enseignante si on en juge à l’article 1 et à l’article sur l’expérimentation. Ces brimades, vexations s’ajoutent au recul inacceptable des rémunérations dans l’Education nationale, que la logique du mérite ne viendra pas combler.
Personne n’échappera à une dégradation de ses conditions de travail : deuxième heure supplémentaire imposable aux enseignants sans majoration tarifaire, nouveaux programmes en lycée, énième réforme du DNB, réforme de la formation initiale, remise en cause des 35 heures des CPE, recours accru aux contractuels, mise en place du PIAL qui affectera le service des AESH, etc…
Les conditions d’affectation suite au mouvement intra-académique sont contraintes par l’insuffisance de postes, l’augmentation des mesures de carte scolaire ; les affectations des TZR et contractuels se feront dans des conditions plus difficiles en raison des pertes d’heures dues à la réforme du lycée ; les services partagés risquent de se multiplier. Les commissaires paritaires du Snes-Fsu ont encore une fois fait preuve d’efficacité dans les CAPA, dans un contexte de désorganisation des services de DPE du rectorat de Poitiers. Leur connaissance des dossiers est reconnue par les personnels du rectorat qui envisagent mal de procéder aux mutations et promotions sans dialogue avec les organisations syndicales.
En transférant aux régions l’information sur les métiers et les formations, l’Etat organise la privatisation de l’orientation. Le combat est engagé contre le démantèlement de l’ONISEP, la fermeture des CIO et la mise à disposition des DCIO aux régions et l’affectation des PsyEN en lycées.
Le rectorat a annoncé vouloir recruter des AED contractuels, dans le cadre de la pré-professionnalisation, dès la rentrée 2019, dans trois disciplines : lettres modernes, anglais et mathématiques. Ce dispositif est inadapté et ne pourra enrayer la crise du recrutement.
Notre syndicalisme
Nous connaissons depuis plusieurs années, une érosion des adhésions. Elle est partiellement liée à l’obtention d’une promotion ou d’une mutation, d’un service qui une fois obtenu ne nécessiterait plus le renouvellement de l’adhésion. Nos adhérents sont la base de notre électorat aux élections professionnelles, donc l’enjeu est crucial ! L’adoption des lois « école de la confiance » et « fonction publique » va modifier l’action syndicale. Les contestations et litiges avec l’administration ne se régleront pourtant pas par la seule voie juridique. Il faudra renforcer la formation des militants, faire évoluer nos pratiques, afin de faire respecterles droits de tous et toutes et de lutter contre l’arbitraire, malgré un contexte de baisse des décharges.
Une formation suite à l’arrivée de nouveaux commissaires paritaires et permanenciers aura lieu en début d’année scolaire. Des formations à l’intention des élus en CA seront organisés au niveau départemental. Les militants seront davantage sollicités pour participer aux formations nationales. Des stages sur les pratiques pédagogiques et la mise en œuvre des réformes seront proposés. Les stages destinés aux métiers CPE, Psy En, AESH, Assistants d’éducation sont maintenus. Certains stages peuvent être communs avec le Snuipp ou la cgt éduc’action.
Le secrétariat académique est à l’écoute des propositions de formation qui peuvent émerger des membres de la CAA. Le Snes académique et les sections départementales continueront de répondre aux demandes des sections d’établissements pour participer aux heures mensuelles d’information syndicale.
Actions
- La section académique apportera son soutien aux actions d’établissements et interventions auprès des administrations compétentes, en particulier en cette fin d’année et au moment de la rentrée de septembre.
- La grève du 17 juin a été une réussite. Des collègues ont franchi le pas et se sont mis en grève un jour où ils étaient convoqués pour surveillance d’examen. Le Snes-Fsu a incontestablement gagné la bataille de la communication auprès des collègues, des élèves et même des parents sur ce point. La réforme du lycée et du bac se met pourtant en place. Il faudra l’enrayer au niveau local, en utilisant tous les leviers possibles, notamment en refusant toute tâche administrative liée aux épreuves du bac.
- Dans les lycées, la vigilance sera de mise au moment où se tiendront conseils pédagogiques et CA chargés de redéfinir éventuellement la carte des spécialités et options, les modalités de passation des épreuves de bac. D’ores et déjà, les CA auront à se prononcer sur les manuels scolaires dans les prochains jours : une occasion de dénoncer le budget insuffisant prévu par la Région et le calendrier aberrant de mise à disponibilité des manuels.
- Dans les jours qui suivent la rentrée, des HIS se tiendront qui permettront de poursuivre la lutte bien engagée ici. Des stages départementaux seront organisés au premier trimestre en direction des S1 et correspondants afin de redynamiser l’action syndicale dans tous nos établissements.
- Le 27 juin doit aussi être une réussite pour la défense de la Fonction publique. Il s’agit de faire prendre conscience à nos collègues et à l’opinion publique de ce qu’ils ont à perdre avec cette loi, afin d’inciter à une véritable résistance.
- Campagne médiatique, tractage, réunions publiques doivent se multiplier.
- La mise en place du projet de réforme des retraites sera notre prochain combat. Le gouvernement attend juillet pour faire des annonces plus précises. Le Snes aura à expliquer, convaincre et mobiliser ici aussi.
- Les salaires et les pensions dans la fonction publique, le maintien du pouvoir d’achat sont toujours à défendre.
- La CAA appelle à participer massivement au référendum sur la privatisation d’aéroport de Paris.
Vote : Pour : 30 / Contre : 1 / Abstentions : 3