La politique du gouvernement est une politique d’austérité et d’injustice sociale dont sont particulièrement victimes les salariés les plus fragiles, les classes moyennes et les retraités mais aussi les demandeurs d’emploi. Les mesures envisagées pour le budget 2018 entraineront une baisse du pouvoir d’achat pour toutes ces catégories. De la méfiance envers ce gouvernement on est passé à la défiance comme le montrent les enquêtes d’opinion. Les derniers cris d’orfraie contre les paradis fiscaux ne sont que des manifestations d’hypocrisie de la part d’un président qui n’a de cesse de multiplier les cadeaux aux plus riches tout en massacrant le système social français. On ne compte plus les mesures qui mettent en péril les comptes de la sécurité sociale, l’assurance chômage, les services publics. L’intérêt général est sacrifié ouvertement et sans retenue au profit de celui d’une oligarchie de plus en plus arrogante.
Fonction publique
Lors du rendez vous salarial, le Ministre a confirmé nos inquiétudes : gel du point d’indice, journée de carence, report d’un an à partir de janvier 2018 de l’application des mesures PPCR. La décision, annoncée officiellement, de revenir sur cet accord salarial constitue une rupture de la parole de l’Etat qui ne figurait pas au programme du candidat Macron.
La journée de grève et de manifestations du 10 octobre à l’appel unanime des organisations syndicales a donné un sévère avertissement au gouvernement. La vision comptable qui sacrifie la fonction publique et notamment l’Éducation Nationale en considérant les fonctionnaires comme la variable d’ajustement budgétaire est rejetée majoritairement par les personnels.
Face à cette mobilisation, le gouvernement ne répond que par des compensations supposées maintenir le pouvoir d’achat, ce qui en réalité ne sera pas le cas pour tous. Rien sur une progression pourtant promise pour tous par un candidat en campagne, rien sur les pertes accumulées les années précédentes.
Cette politique salariale désastreuse ne peut qu’aggraver la crise du recrutement des enseignants tant elle marque le peu de reconnaissance des agents de la Fonction Publique de la part de ministres qui devraient les soutenir.
Les faveurs accordées aux plus aisés sont majoritairement désapprouvées mais seront-elles suffisamment mobilisatrices pour construire un mouvement social d’ampleur ? Pour l’instant, les réactions individuelles sont faibles et l’unité syndicale fragile.
Éducation
Dans l’éducation, sur fond de rigueur budgétaire, le ministère s’emploie à modifier les règles d’accès à l’enseignement supérieur et à réformer le baccalauréat et le lycée. J.M. Blanquer cherche à poursuivre le travail commencé à l’époque Darcos ou Chatel quand il officiait déjà au ministère. Le nombre de bacheliers est en augmentation, en raison notamment de la démographie mais aussi d’une politique de destruction progressive de la voie professionnelle, et les capacités d’accueil dans le supérieur sont largement insuffisantes. Au lieu d’augmenter le nombre de places et les moyens de l’université, le gouvernement cherche à limiter l’entrée en licence. L’université française est déjà très pauvre en raison d’un investissement de l’état notoirement insuffisant. Le ministère cherche donc à optimiser les taux de remplissage des formations du supérieur en « jouant » sur les outils d’affectation post-Bac. La région ne manque pas d’abonder dans ce sens en promouvant l’apprentissage et en privilégiant l’adaptabilité à l’emploi local, alors même que les entreprises ne se précipitent pas pour prendre des apprentis ! Les équipes pédagogiques des lycées vont être mises lourdement à contribution, sommées de trouver un deuxième professeur principal par classe terminale ou d’accepter des missions de tutorat rémunérées en IMP. La CAA appelle les collègues à refuser massivement ces « missions » pour lesquelles ils ne sont ni formés ni dignement rétribués. En plus, dans ce dispositif, les PsyEN sont les grands oubliés.
Au lieu de profiter du « boom » de l’an 2000 pour augmenter le nombre de diplômés de haut niveau, la France va durablement s’enfoncer dans une politique d’austérité pour les facultés. Ce n’est acceptable ni socialement ni culturellement ni même économiquement.
Dans les collèges, la mise en œuvre de la réforme du collège et de l’évaluation des élèves reste une préoccupation majeure. L’opération « devoirs faits » mise à la une des priorités ministérielles doit se faire sans moyen supplémentaire. Elle risque de reposer essentiellement sur les assistants d’éducation et des enseignants en sous service, notamment des TZR ou contractuels en CDI, mais aussi de générer des pressions de la part des chefs d’établissement pour que des enseignants « volontaires » acceptent de faire des heures supplémentaires. De là à se retrouver « professeurs de devoirs », il n’y a qu’un pas. Il s’agit d’un « gadget » démagogique servant à faire croire à l’opinion publique que le ministère cherche à résoudre les difficultés scolaires (voire sociales) alors que rien n’est fait, dans le même temps pour mieux former les enseignants, pour réduire le nombre d’élèves par classe, pour assurer les remplacements ou pour donner plus de moyens d’encadrement dans les services de vie scolaire. De l’aveu même des autorités départementales, il est très difficile de recruter le nombre cde volontaires service civique prévu faute de volontaire !
Le rectorat de Poitiers semble en totale désorganisation. Les nouvelles modalités d’évaluation des enseignants et CPE se mettent en place dans le plus grand désordre : les inspections faites l’an dernier n’ont pas donné lieu à notation pour la plupart et plusieurs IPR sont en train de les recommencer, prenant ainsi un retard qui sera considérables sur la prochaine campagne d’inspections. L’affectation des TZR et contractuels sur les suppléances se fait sans respect du barème, au petit bonheur la chance. Les chefs d’établissement sont de plus en plus souvent sollicités pour trouver eux-mêmes les remplaçants ! Le service de santé de prévention est aux abois, au point que les cas de tuberculose qui se multiplient dans la Vienne ne font pas l’objet du signalement et des mesures de prévention nécessaires. Les cas de souffrances au travail et de burn out se multiplient en raison d’un management destructeur et d’une direction des ressources humaines irresponsable. Aucune réponse n’est faite à nos demandes d’audience ni aux courriers de la secrétaire du CHSCTA. Cette situation qui se dégrade de mois en mois est très inquiétante pour la qualité du service public et pour la santé des personnels dans cette académie.
La création d’emplois AESH en juin dernier avait limité le nombre de CAE-CUI renvoyés vers pôle emploi. Depuis la rentrée, plusieurs contrats aidés arrivent à terme et rien n’est prévu pour ces personnels. La manière dont sont traités ces personnels est indigne : c’est à la grande précarité et même pauvreté qu’ils sont renvoyés, sans même obtenir d’être reçus par l’employeur pour envisager leur avenir. Le SNES-FSU académique a proposé un soutien et un accompagnement pour ces personnels mais ils sont dispersés sur le territoire, isolés et souvent découragés, au point de ne pas demander les aides auxquelles ils pourraient prétendre.
Les missions du service public d’éducation sur l’ensemble du territoire et à proximité de l’usager sont menacées : Les politiques de nos conseils départementaux, notamment en Charente, sont inquiétantes sur la fermeture programmée de collèges.
Actions
- Le mois de novembre est celui des élections des commissaires paritaires du nouveau corps des Psychologues de l’Education Nationale. L’implication, non seulement de la catégorie mais de l’ensemble nos forces militantes doit être mise en œuvre pour assurer la victoire de la liste Snes- Snuipp/FSU.
- Les élections au conseil d’école de l’ESPE auront lieu les 6 et 7 décembre. Une mobilisation de tous est nécessaire pour informer les stagiaires de leur droit et les inciter à participer au scrutin afin d’élire les candidats de la liste FSU. En effet, les années précédentes, la participation était ridiculement faible. Le fait que le scrutin se déroule sur deux jours et qu’il soit possible de voter par procuration peuvent être des éléments facilitateurs même si le vote par correspondance n’est toujours pas autorisé.
- La FSU s’associe à la journée interprofessionnelle de grève et de manifestation du 16 novembre, à l’appel de la CGT, FO, Solidaire et des organisations étudiantes et lycéennes. Bien consciente qu’il est difficile de demander aux collègues de participer à tous les jours de grève, la CAA appelle toutes et tous ceux qui peuvent participer aux rendez-vous départementaux à être présent.e.s dans les cortèges.
- L’intersyndicale de la fonction publique reste toujours unie. Une pétition sera proposée rapidement pour la revalorisation des carrières et des salaires. Les militants des S2 et du S3 s’engagent dès à présent à augmenter leurs interventions dans les heures d’information syndicales dans les établissements afin de préparer une nouvelle journée d’action.
- La syndicalisation connait une amélioration par rapport à l’an passé. Nous devons poursuivre nos efforts. La période des mutations inter-académiques et la préparation des capa de promotion d’échelon sont toujours propices à la rencontre de nos collègues, les militants insisteront sur la syndicalisation. En ces périodes d’attaque contre le système social, les services publics et nos conditions de travail, le syndicat a un rôle majeur à jouer. Nous devons valoriser notre action auprès de tous les collègues.
- La réforme du lycée voulue par J-M. Blanquer s’annonce gravissime. Il faut en faire connaitre les dangers car le temps presse pour mobiliser. Des HIS seront faites dans les lycées de l’académie dans cet objectif. La CAA appelle tous les collègues à renseigner l’enquête du SNES-FSU : « Quel baccalauréat voulons-nous ? »
- La préparation du congrès est un moment essentiel pour impliquer de jeunes militants et penser au renouvellement des candidatures aux prochaines élections professionnelles. La CAA appelle tous les syndiqués à remplir la fiche « préparer le congrès » et à faire remonter leur contribution au S3, afin de participer pleinement aux choix d’orientation du SNES-FSU.
- Un certain nombre de collègues ont fait part de leur préoccupation sur l’absence de visite médicale pour les personnels dans notre académie. Effectivement, le rectorat est défaillant. Le S3 lance une campagne de mobilisation sur ce point, sous la forme d’une lettre type de demande de visite médicale, à envoyer à la rectrice.
- La CA académique appelle à soutenir les neuf syndicalistes inculpés à Poitiers, suite à l’action du 19 mai 2016, à participer au rassemblement le 17 novembre devant le tribunal à partir de 9 heures et à signer la pétition en ligne.
Texte adopté avec 25 voix et 1 abstention