I – Situation générale : 1. La situation économique La rentrée s’opère dans un contexte général en continuité avec celui de juin. Nous notions alors une année difficile pour les salariés et les chômeurs au premier desquels ceux qui constituent les classes populaires de la société. Nous notions alors les attaques contre les services publics que l’été n’a aucunement démenties. Du côté des salariés la situation est alarmante, quand ceux de Molex luttent pour échapper au chômage ou tout simplement pour arracher le simple paiement de leur salaire, quand les News Fabris ou les salariés des transports Sarter, de Nortel en sont à batailler pour la prime de départ plutôt que pour le maintien de l’emploi, on comprend qu’ils puissent en venir à des modes d’action à la hauteur de leur désespoir et du traitement qui leur est infligé. Pour les salariés, la crise est loin d’être finie, le chômage augmente, la pression sur les salaires est énorme. Pendant ce temps, les banquiers et les traders retrouvent le sourire, nos gouvernant s’en réjouissent et montent à l’assaut comme si rien ne s’était passé. Le CAC 40 totalise 21 milliards d’euros de bénéfices au premier semestre, les banquiers se distribuent des maxi-bonus et assomment les usagers d’agios, Sarkozy gronde les premiers et assomme les seconds. Des remontrances d’un côté et des décisions de l’autre. C’est l’attaque contre les droits particuliers des femmes en matière de retraite dans le privé, la volonté d’augmenter le forfait hospitalier de 25%, celle d’instaurer une « taxe carbone » qui, telle qu’elle est envisagée, ne serait qu’un véritable droit à polluer pour les riches et une ponction supplémentaire pour les autres. Ce sont aussi des pseudo- mesures contre l’évasion fiscale qui, outre l’opération de pure communication, constituent en réalité une vraie loi d’amnistie contre les voyous des beaux quartiers. 2. La fonction publique Dans ce contexte les services publics sont toujours dans la ligne de mire des gouvernants. Ils continuent d’être véritablement asphyxiés, notamment par les suppressions massives de postes qui font de l’État le champion toute catégorie des plans sociaux. En 2010, 34000 suppressions de postes dans la fonction publique viendraient s’ajouter aux spoliations des années précédentes. Les 16000 annoncées dans l’éducation nationale pourraient porter la ponction à 44000 depuis 2003 dans le second degré ! Ainsi, dans notre académie, le nombre de postes dans les collèges et , avec une baisse de 1046 chuterait de 10 % en 8 ans pendant que le nombre d’élèves a diminué de seulement 2,1% ! Il s’en suit une rentrée dont même l’aspect « technique » ne peut être considéré comme réussi. Dans les quatre départements de notre académie, des blocs horaires ne sont pas pourvus et des centaines d’élèves en subissent les conséquences. A cette rentrée les moyens de remplacement sont en chute de 67% et le vivier de contractuels ne permet pas de résoudre le problème, ceci alors que les besoins en remplacement ne se sont pas encore fait ressentir… Cette situation ne peut qu’augmenter le recours à la précarité et pressurer encore plus les personnels concernés très souvent déjà très mal traités. C’est aussi le cas des AED, particulièrement soumis à l’arbitraire local (chantage au renouvellement de contrat) et dont les droits à formation ne sont pas respectés. Souvent isolés dans les établissements, nous appelons les collègues à aller à leur rencontre pour leur distribuer le mémo assistant d’éducation envoyé par le SNES national, en les faisant participer à la vie syndicale du S1 et en nous sollicitant en cas de questions ou de problèmes qui ne pourraient être résolus localement. Alors que Sarkozy avait promis la revalorisation de notre métier, comptant pour cela, comble de cynisme, sur les suppressions de postes, rien de sérieux n’a été entamé par le gouvernement sur ce dossier. Comme les autres fonctionnaires nous avons subi une perte considérable de pouvoir d’achat ces dernières années. Le ministre du budget, contraint de reconnaitre la valeur des chiffres de l’OCDE, avouait dernièrement : « le salaire moyen d’un enseignant se situe en dessous de 2.000 euros. C’est assez faible, il faut bien l’admettre », il est maintenant temps qu’il passe aux actes de façon significative, le SNES et la FSU doivent s’appuyer sur cette déclaration et les chiffres de l’OCDE pour lancer une grande campagne sur ce dossier afin de créer un rapport de force à la hauteur des enjeux. 3. La loi sur la mobilité Alors que les syndicats exigent du ministre l’ouverture de négociations sur la revalorisation, il cherche à éviter la question des salaires et parle de possibilité de « seconde carrière » en vantant la récente loi sur la mobilité. Depuis longtemps nous parlons d’un avenir sombre, celui de la casse de l’école et des services publics, celui de la fin de la fonction publique. Il est vrai qu’à force d’entendre crier au loup, plus personne n’a peur du loup. Et pourtant le gouvernement a attendu le 3 août pour faire voter cette loi qui est une véritable bombe pour la fonction publique. Il s’agit, sous couvert « d’accorder un droit à la mobilité dans la fonction publique et d’offrir aux fonctionnaires des perspectives de carrière plus riches et plus diversifiées », de supprimer la « sécurité de l’emploi » pour les fonctionnaire et à terme la fonction publique, dans son ensemble, le tout sous prétexte de « modernisation du service public ». On sait depuis longtemps que sous la plume des libéraux « modernisation » se traduit par « privatisation ». Jusque là les enseignants n’ont pas cru qu’une telle atteinte à leurs droits et à leurs statuts était possible. Il faut maintenant se rendre à l’évidence que ce gouvernement ne recule devant aucun scandale. Au SNES de le dénoncer, d’appeler à renforcer la mobilisation de l’année dernière pour le maintien des services publics et la création de nouveaux services publics. Il faut imposer l’idée dans l’opinion qu’il n’y aura pas de service public sans fonction publique. II – Situation dans le secteur de l’éducation : Dans le secteur de l’éducation, cette année est aussi en continuité avec la précédente. Les actions fortes menées l’année dernière, dans un cadre unitaire et une durée sans précédent, ont obligé le gouvernement à ralentir son rythme de réformes et à repousser celle du recrutement et celle du lycée, à ne pas avancer sur celle du métier d’enseignant. Mais il n’a pas, pour autant, renoncé à les imposer. Nous devrons donc très vite montrer notre détermination. Le SNES doit jouer un rôle décisif d’information et de proposition pour construire la mobilisation dans la profession et au-delà. 1. La réforme du recrutement des enseignants et CPE En ce qui concerne la réforme du recrutement, l’heure est grave. Nous n’avons pas su, l’année dernière, mobiliser suffisamment les collègues sur cette question de la « mastérisation » et les décisions du SNES ont été, il faut bien l’avouer, mal perçues. Le ministère a publié le 20 août une circulaire sur l’organisation des stages pour les étudiants en master se destinant aux métiers de l’enseignement. Les dispositions qu’elle contient sont particulièrement dangereuses pour la formation et la réussite aux concours de ces étudiants et scandaleuses pour la qualité du système éducatif. Il est indispensable d’informer largement sur ce texte, d’en dénoncer toutes les dérives, afin d’intervenir auprès des rectorats et des établissements pour les éviter. La CA académique de Poitiers appelle les collègues à ne pas accepter la fonction de tuteur et les CA d’établissements à refuser les conventions avec l’université, dans le cadre de ces pseudo stages en responsabilité, qui ne sont en fait que des moyens provisoires pour assurer les remplacements en substitution des TZR dont on supprime les postes. Ils risquent également de remplacer purement et simplement l’année de stage post-concours, année où le néo-recruté assumerait alors un emploi du temps complet. Il est de la responsabilité du SNES d’aider concrètement les collègues à organiser et signifier ce refus. 2. Réforme du lycée La section académique a mené une grande campagne d’information et de mobilisation l’année dernière dans tous les lycées de l’académie. Le travail engagé doit être poursuivi, avec l’appui de la campagne nationale du SNES. En effet Luc Chatel reprend le dossier, semble-t-il, dans les mêmes termes et avec la même méthode que son prédécesseur. Le calendrier annoncé est inacceptable et nombre des intentions déjà affichées, notamment celles sur l’orientation, doivent être combattues. Nous devons relancer la mobilisation, avec le risque d’être confrontés à une certaine lassitude de nos collègues. Les reculs déjà enregistrés montrent, au contraire, que le ministère est contraint de tenir compte du rapport de force. A nous d’en persuader les personnels et les usagers. Le SNES doit formaliser son projet pour un lycée démocratique et mettre en avant ses propositions. C’est dans chaque établissement que ce travail doit être mené, avec l’aide des sections locales. 3. Situation dans les collèges Cette année met en place la dernière phase de la réforme du socle. Le fait que l’application de cette réforme qui ne dit pas son nom ait été très progressive s’explique par le fait que le ministère a cherché à « nous endormir », ce qui est partiellement réussi, mais aussi qu’il n’a pas voulu risquer une application soudaine, comme en primaire, parce qu’il craignait une réaction forte notamment du SNES. Cette réforme est dramatique pour les collégiens et en particulier les plus fragiles. L’expérience montre déjà, après 2 ans d’application de certains dispositifs, que par exemple l’aide sous forme de PPRE ne parvient pas à compenser, c’est le moins que l’on puisse dire, la réduction du nombre d’heures de cours et l’alourdissement des effectifs des classes. C’est un collège à deux vitesses qui s’est mis en place : le minimum requis inscrit dans le socle pour les élèves jugés faibles, avec en fin de collège la perspective du CAP, de l’apprentissage ou tout simplement de la rue et des programmes qui restent ambitieux applicables pour les autres. Il est fort à parier que la suite des évènements soit la reconstitution de classes de niveaux, comme l’applique déjà un collège de la Vienne à cette rentrée. Bref, c’est un formidable retour en arrière, avant la réforme du collège unique, qui avait été pensée justement parce que le collège à 2 vitesses qui existait précédemment ne pouvait pas s’adapter à la scolarisation de masse dont la nation avait besoin. Aujourd’hui que les besoins en formation de haut niveau sont encore plus importants, comme l’a relevé le dernier rapport de l’OCDE sur la question, notre gouvernement décide de laisser sur le bord de la route la moitié des jeunes. Le SNES doit mener une campagne d’opinion offensive pour dénoncer cette scandaleuse incohérence et exiger une autre orientation pour le collège. III – Action : 1. La Poste Les sections départementales du SNES s’engagent pleinement, dans le cadre de la FSU et des comité départementaux, contre la privatisation de La Poste et participent à l’organisation de la votation citoyenne du 28 septembre au 3 octobre. La section académique appelle tous ses adhérents à voter et faire voter contre la privatisation de La Poste. 2. La campagne collège dans l’académie Pour les raisons énoncées ci-dessus, la section académique a décidé d’une campagne d’information et de réflexion de grande ampleur dans les collèges de l’académie. Comme nous l’avons fait l’année dernière en lycée, nous réaliserons un diaporama sur la situation actuelle en collège : socle commun, évaluation, DNB, traitement des difficultés scolaires, conditions de travail et propositions du SNES. Ce diaporama servira de support pour des stages départementaux en direction des secrétaires de S1, pour des réunions d’information syndicale dans les collèges. L’objectif que nous nous fixons est d’intervenir, au cours de l’année scolaire, dans 90 établissements. D’ores et déjà, la CA académique appelle les collègues à ne pas mettre en œuvre les dispositions facultatives à cette rentrée concernant le DNB : attestation de la maitrise du socle commun et épreuve orale d’histoire des arts. Elle appelle le CN à impulser cette action au niveau national. 3. Les actions nationales 7 octobre : Journée internationale pour le travail décent : Le SNES appelle tous les personnels du 2d degré à participer aux actions décidées dans le cadre fédéral et intersyndical. La CAA n’ignore pas les difficultés liées au sentiment que peuvent avoir nombre de collègues concernant la pertinence des « temps forts » et des journées de grève telles que nous les avons menées ces dernières années. Ce sentiment est à relativiser : même si sur le fond il persiste dans ses grandes orientations, le gouvernement a dû tenir compte du rapport de force que nous avons collectivement construit. Cela montre qu’il est possible de gagner mais aussi qu’il est nécessaire cette année d’augmenter nettement le rapport de force en notre faveur. En ce moment difficile il est de la responsabilité du SNES et de la FSU d’impulser un mouvement plus dur que ceux de ces dernières années mais aussi et surtout de tout faire, en s’en donnant le temps, pour qu’il soit massif. Cet objectif pourrait être atteint par : Au niveau Éducation : L’établissement d’une plateforme claire et concise centrée sur le refus des suppressions de postes (aucune suppression pour 2010), une revalorisation salariale chiffrée pour tous et un « Grenelle de l’éducation » qui se donne le temps nécessaire pour des réformes ambitieuses et partagées du système éducatif. Une grande campagne d’opinion auprès des collègues et des citoyens sous forme de réunions dans au moins la moitié des collèges et lycées pour faire grandir l’impérieuse nécessité de se mobiliser sur cette plateforme. L’annonce de cette grande campagne liée à 2 jours consécutifs de grève Education Nationale pour peser sur les choix budgétaires du gouvernement. Au niveau Fonction publique : Tous les secteurs de la fonction publique ont des revendications précises et différentes, revendications qui, en même temps, relèvent d’un même fond. Chaque secteur veut voir ses spécificités mises en exergue et tous ressentent la nécessite du « tous ensemble ». Dans ce cadre le SNES et la FSU devraient proposer à l’intersyndicale une semaine de grève (au cours du 1er trimestre 2010) dans la fonction publique, chaque administration ou fonction publique choisissant un jour de cette semaine pour faire entendre les revendications qui lui sont propres.
Votes : Contre : 0 ; Abst : 0 ; PPV : 0 ; Pour : 45 La motion est adoptée à l’unanimité.