Pour nous faire croire que la réforme se met en place dans un contexte hautement démocratique et dans le respect du dialogue social (on ne rit pas!), le rectorat a installé un « comité de pilotage », constitué d’inspecteurs, de chefs d’établissements, de représentants des parents et… des organisations syndicales représentatives. Le « copil » est présidé par le Recteur.
Ce copil est censé se réunir une fois par mois. La première réunion a eu lieu en juillet et la deuxième le 2 octobre. Cherchez l’erreur ! Il faut dire que les informations que l’on y glane sont bien maigres… Les représentants FSU-CGT sont pratiquement les seuls à poser des questions, faire des remarques pour bousculer cette mécanique, pas si huilée qu’on voudrait le faire croire. L’embarras est manifeste. Remarquons le silence du SNALC et de l’UNSA, la discrétion du SGEN et l’absence de FO.
La réunion n’est pas inutile et entre lignes ou en tendant l’oreille dans le hall du rectorat, on comprend certaines choses importantes :
- La part d’autonomie ( les 12h par classe de 2de, par exemple) finance tout : les dédoublements en sciences, les groupes allégés en langues, les options facultatives, l’accompagnement personnalisé. Un proviseur fait remarquer qu’il doit faire un choix entre maintenir les options actuelles OU faire des groupes allégés, entre supprimer des postes correspondant aux options OU faire des groupes de langues à 37…
- La suppression des séries dans la voie générale permet de ne faire que des classes de 37, donc desupprimer plusieurs divisions de 1ères dans chaque lycée(et de terminale l’année suivante). La FSU demande si le rectorat a déjà fait ses comptes du nombre de postes à supprimer dans les disciplines de tronc commun (français, histoire-géo, EPS, anglais, espagnol). On nous répond qu’il est très difficile de savoir exactement le nombre et que tout dépendra des spécialités… Pourtant le ministre, lui, a fait le compte et annoncé 2650 suppressions de postes !
- La carte des spécialités sera arrêtée le 15 octobre (mais le CTA est le 16… Silence gêné quand la FSU fait la remarque !) mais les proviseur·es ont déjà reçu le tableau des spécialitésde tous les lycées de leur département. M. Marien (IPR) nous présente des chiffres : les lycées auront entre 7 et 10 spécialités, en fonction de leur localisation, de leur taille, de leur profil… La FSU demande à avoir la carte de ces spécialités, c’est un refus pas vraiment poli. Quand on demande combien de lycées n’ont que 7 spécialités et lesquels, M. Marien répond qu’ils ne sont que 2, dont un à Cognac. Pourtant, le tableau que nous nous sommes procuré en comporte trois dans la Vienne (Aliénor, N. Mandela et Branly ) !
- Les élèves pourront choisir librement leur « menu » de spécialitéset on n’établit pas de « triplettes » imposées. Un autre proviseur fait remarquer que ce sera très difficile avec la DHG annoncée. Le Recteur admet que cela obligerait à faire 35 barrettes dans l’emploi du temps : la semaine n’y suffirait pas. Le proviseur en déduit que les filières se reconstitueront et parmi elles, la filière reine qui sera choisie par la grande majorité des élèves : maths-physique-SVT… On passe à une autre question !
- Les élèves pourront changer de lycées’ils veulent suivre une spécialité non offerte dans leur lycée d’origine. L’académie a été découpées en 9 bassins, chacun offrant l’intégralité des 11 spécialités. Un représentant du SGEN demande si les transports scolaires seront organisés en conséquences. Il lui est répondu qu’on verra plus tard !
- La FSU demande si le Recteur a donné consigne aux proviseur·es de réunir leurs équipes(conseil pédagogique, commission permanente, CA) pour débattre de la mise en place de la réforme, du choix des spécialités, des options… Apparemment, c’est non mais à voir… Ce sont pourtant les enseignants qui feront cours aux élèves, les conseilleront pour leur choix d’orientation, les évalueront… et par le chef d’établissement !
- D’ailleurs l’inquiétude des proviseur·es est bien palpable, même si deux seulement l’expriment ouvertement. Il apparait qu’ils ont déjà une estimation de leur DHG pour l’an prochain et que les pertes sont très importantes. Ils se plaignent de manquer cruellement d’information : « On ne sait pas où on va ! ».
- Et l’orientation dans tout ça ?Si côté rectorat on feint la confiance, ce n’est pas le cas chez les parents : le représentant de la PEEP intervient plusieurs fois pour signaler le délai très court imparti aux élèves de 2de pour faire leur choix de spécialités. Officiellement, l’information pourra commencer en novembre. La FSU signale que les programmes, donc les contenus réels de ces spécialités, ne seront pas connus avant janvier. La décision des élèves doit être donnée pour le conseil de classe du 2ème trimestre ! Or ce choix est crucial puisqu’il déterminera les possibilités de poursuites d’études dans le supérieur, Parcoursup oblige. Le Recteur en convient tout à fait !
- Quant à la carte des options facultatives, dont dépendent un nombre non négligeable de postes comme la FSU le fait remarquer, elle ne sera annoncée qu’en janvier…
- Mais qu’on ne se fasse pas de souci, les IPR vont venir aider les établissementspour mettre en place toute cette architecture et on aura même droit à une formation sur les nouveaux programmes. Quand ? Pas de réponse claire…
- Quant au bac, c’est le plus grand flou.Un proviseur fait quand même remarquer que les cours devront être annulés pendant les semaines d’épreuves de « contrôle continu » puisqu’elles doivent se dérouler en condition d’examen. Une fois de plus, le silence fait suite à son intervention.
Une nouvelle réunion aura lieu le 21 novembre. On ne se décourage pas : les représentants FSU-CGT seront là pour poser les questions utiles quoiqu’embarrassantes et relayer vos demandes.
D’ici là vous pouvez :
- interroger votre proviseur·e sur la DHG qu’il a reçue ou calculée, sur la carte des spécialités que le rectorat lui a communiquée ;
- exiger une commission permanente et un CAsur la question des spécialités et des options ;
- vous réunir en HISpour poser des revendications permettant de sauver les postes et d’assurer une offre de formation riche pour vos élèves (vous pouvez demander l’intervention d’un militant du S2 ou du S3) ;
- faire remonter au SNES (S2 et S3) toutes les informationsque vous parvenez à recueillir ;
- mobiliser pour l’action interprofessionnelle du 9 octobre et la grève éducation du 12 novembre !